L'encyclopédie
du cinéma HK

Les réalisateurs

 

 Présentation

Tsui Hark

 Tsui Hark (1/2)
l'homme de Hong Kong

portrait - filmo

 

 Portrait (1/2)

Les origines - Les débuts - Et Zuuuu ! - Karl Maka - La Film Workshop - Peking Opera Blues
John Woo et les jolies fantômes - Tsui le producteur - The Killer
Adieux aux maîtres et tentative de récupération des mythes - Le temps des chevaliers


"Il est excellent dans son genre, mais il travaille très très vite, souvent trop vite..." Leslie Cheung

"Ses films revisitent les grands mythes de la culture chinoise en utilisant des moyens techniques proches du cinéma occidental" James Wong

"Il pense beaucoup plus vite qu'il ne parle..." Maggie Cheung

"Le problème avec Tsui est qu'il a toujours des millions d'idées et une vision bien à lui des films qu'il produit" Kirk Wong

"Il est partout à la fois" Julien Carbon et Laurent Courtiaud

"... Tsui est un réalisateur exceptionnel, mais c'est aussi un type hypersensible, toujours sur la défensive, à la limite de la paranoïa" Terence Chang

 

Voilà quelques phrases qui résument plutôt bien la personnalité de celui qui a donné au cinéma de Hong Kong ses plus beaux joyaux cinématographiques. A la fois auteur, producteur, réalisateur, acteur de ses histoires il a fait la pluie et le beau temps dans l'ex-colonie. Tantôt vénéré, tantôt décrié, l'homme à la barbichette est un personnage hors pair qui a su alimenter l'industrie d'une véritable manne d'inspiration. John Woo, Ching Siu-Tung, pour ne citer que ces deux-là ont signé leurs plus grands films sous le patronage de Tsui Hark. Zu, Il Etait Une Fois En Chine, L'Enfer Des Armes, Butterfly Murders, Green Snake, The Lovers... autant de titres indispensables, autant d’œuvres essentielles qui on fait, font et continueront toujours de nous faire rêver.

 

Les origines
Tsui Hark en personne Tsui Hark est né au Vietnam en Février 1951 dans une famille chinoise. Ses parents souhaitent le diriger vers des études en pharmacie, mais ce dernier passe son temps dans les salles de cinéma et tourne rapidement des films en super 8. Il partira faire ses études supérieures aux États-Unis, à l'université du Texas. En tant qu'immigré il se met à s'interroger sur ses origines, ce qui débouchera sur deux court-métrages documentaires. Le premier projet, parlant des premières vagues d'immigrés chinois aux États-Unis, avortera. Le second, narrant la construction du chemin de fer américain par des chinois portant le titre de From Spikes To Spindles.

Se sentant en mal de sa propre culture, en perte de contact avec ses origines, il décide de repartir à Hong Kong en 1977. La télévision hongkongaise est alors en plein essor et les opportunités d'y entrer sont très importantes. Les chaînes recherchent de nouveaux talents pour mettre en scène des épisodes de leur soap-opera cantonais, les séries comme The Family, The Tycoon, Love Little Of The Big Boss, etc... C'est sur ce genre de produits que Tsui fera ses premières armes, il collabore à plusieurs épisodes de la série en costumes Golden Dagger Romance.

 

Les débuts.
Butterfly Murders Sa première incursion sur grand écran, il la fait avec un film en costumes sur fond de mystères et d’agressions animales. Il s’agit de Butterfly Murders, une production Ng See Yuen. Mélangeant subtilement plusieurs influences occidentales en les formatant à la sauce hongkongaise, il réussit un curieux mélange de thriller médiéval et de wu xia pian traditionnel. Le film est un échec au box-office. Malgré cet échec, il est remarqué par la critique.

We are going to eat you / Histoires de cannibalesL’année suivante, en 1980, il revient avec un film d’horreur tragi-comique avec un titre qui sent fortement la provocation, We’re Going To Eat You (Histoire de cannibales). Une question qu’il semble poser au spectateur, l’invitant volontiers à un festin dans lequel les protagonistes se délectent de viande… humaine ! On sent une nouvelle fois les influences occidentales dans un film profondément nihiliste au final saisissant, allant complètement à contre sens de l’attente du public. Il lui fait offrande, un cœur arraché encore battant… le nihilisme atteint son sommet, et c’est désormais une certitude, Tsui Hark est un fou génial.

Son troisième film est qualitativement, et d’assez loin, son meilleur et son plus abouti. C’est également son plus jusqu’au-boutiste. Un film quasiment inclassable, socialement très tendancieux, et traité sans aucunes concessions, son titre : Dangerous Encounter 1st Kind, rebaptisé chez nous L’Enfer Des Armes. A noter que c’estL'enfer des armes l’éditeur Scherzo qui sous l’égide d’un certain Christophe Gans aura le courage de l’éditer en vidéo. A mi-chemin entre le polar dur et le pamphlet anarchiste, ce film fait un véritable scandale et la censure a tôt fait de l’interdire purement et simplement. Ce n’est pas tant la violence, qui même si elle est présente, pourrait paraître aujourd’hui bien timide, qui fera se tirer les cheveux des gens de la censure, mais le fait de montrer de jeunes gens commettre des actes de terrorisme. Afin d’éviter un fiasco, économiquement parlant, Tsui sera obligé de retourner quelques scènes et de recentrer l’intrigue. Malgré cela le film reste d’une très grande puissance et conserve actuellement encore toute sa portée dramatique. Dès à présent Tsui Hark est considéré comme un auteur à part entière, une sorte d’empêcheur de tourner en rond qui a décidé de bousculer les conventions et il le fait savoir. Quand Tsui est en colère, il est capable de tout…

 

Et Zuuuuuuu….
En 1981, un certain Karl Maka par le biais de sa maison de production Cinema City propose à Tsui Hark de réaliser une comédie All The Wrong Clues avec l’acteur Teddy Robin Kwan. Loin d’être un chef d’œuvre, cette comédie a au moins le mérite de relancer la côte de rentabilité de Tsui. Le film est un énorme succès au box-office et c’est paradoxalement sur un film disons plus standardisé qu’il décroche un trophée, un Golden Horse de meilleur réalisateur.

Entre temps il aura fait une rencontre déterminante dans sa vie, puisqu’il épousera la productrice Nan Sun Chi, qui deviendra non seulement sa compagne, mais également la co-fondatrice de la future Film Workshop.

ZuEn 1983, le choc naîtra avec un film qui va déchaîner les passions, il s’agit d’un film d’heroic-fantasy qui se veut la réponse chinoise au Star Wars de George Lucas. Son titre sonne comme un cri de guerre Zu, Warriors From The Magic Mountain, le film par lequel arriva la folie. Vous est-il déjà arrivé de vous prendre une mouche à 150 km/h en pleine figure ? Ou de vous lancer dans un grand huit sans être préalablement attaché… Tel fût ce que reçu à la face le public qui à l’époque pu découvrir cet OFNI complètement hallucinant. Une vitesse de narration qui peut-être fatale aux non-initiés, des chorégraphies ahurissantes, des couleurs flamboyantes, un monde dans lequel des chevaliers volent et manient l’épée à une vitesse foudroyante. Tel est l’univers de Zu, un subtil et génial mélange de film de sabres traditionnel et de fantastique avec monstres et sorcières. Le merveilleux côtoie l’extraordinaire dans ce film révolutionnaire qui deviendra une sorte de mètre étalon pour tout ce qui se fera après. A Hong Kong, il y a avant et après Zu.

Malheureusement le film qui aura coûté une fortune, on parle du plus gros budget de l’histoire du cinéma hongkongais, ayant bénéficié entre autres des services de techniciens des effets spéciaux américains ayant officié sur Star Wars, sera un nouvel échec au box-office. Tsui Hark sera obligé de tourner une nouvelle comédie afin de redorer son blason.

Karl Maka
Karl MakaEntre temps il aura fait l’acteur chez son ami, l’acteur réalisateur et ex-star du rock des sixties Teddy Robin Kwan. Une autre comédie All The Wrong Spies, assez fine, produite également par la Cinema City de Karl Maka.

En 1984, toujours sous l’égide du producteur et acteur chauve, il mettra en boîte le troisième volet de la série des Aces Go Places. Une suite alimentaire aux deux premiers épisodes signés Eric Tsang. De ce pastiche des films de James Bond à la sauce comique dans lequel l’acteur chanteur Sam Hui interprète le rôle principal aux côtés de Karl Maka alias Kody Jack et l’acteur américain Richard Kiel (le géant aux dents d’acier, Jaws dans Moonraker). Tsui étant un instable, et surtout peu décidé à ne pas être décisionnaire à 100 % sur ses réalisations se fâche avec ses producteurs et quitte le tournage du film en cours. Il claque la porte, il est encore en colère.

La Film Workshop
C’est donc en Avril 1984 qu’avec son épouse, il décide de créer sa propre maison de production qu’il définit lui même comme un véritable atelier de travail donnant libre cours à l’imagination des réalisateurs et toute latitude de s’exprimer… simple discours d’intention. Lorsque Tsui Hark est en colère, il fonde la Film Workshop, et les autres n’ont qu’à bien se tenir.

Il s’accaparera de toutes les forces vives du cinéma de la colonie , tous les créateurs, tous les grands courants se devront de passer par lui. Tsui Hark deviendra quasiment à lui seul, le cinéma de Hong Kong.

Son premier film pour sa toute nouvelle maison de production est un délicieux mélange de mélodrame, de comédie dramatique et de comédie musicale. Shanghai Blues qui réunit les actrices Sylvia Chang et Sally Yeh, ainsi que l’acteur Kenny Bee est non seulement une très grande réussite formelle, mais également artistiquement parlant. Il relate l’histoire de trois personnages, une chanteuse de cabaret, une paysanne et un chanteur de cabaret dans le Shanghai des années 20, qui se croiseront et s’entrecroiseront dans un triangle amoureux magnifiquement mis en scène. Esthétiquement, on touche à la perfection avec ce film qui se veut un hommage à la comédie musicale américaine. Très remarqué dans divers festivals du monde, ce film entérinera définitivement la réputation d’auteur de Tsui Hark. La Film Workshop vivra…

Working ClassL’année suivante, afin d’être sûr de rentrer dans ses frais, il mettra en scène une comédie sur fond de lutte des classes avec Sam Hui, Teddy Robin Kwan et lui-même. Working Class est traité sur ton beaucoup trop léger, et rate le coche. Bien que ne révolutionnant pas la comédie, son film est tout de même un véritable pamphlet pro-Marxiste, revoyez-le, les messages sont flagrants.

Nous sommes en 1985, et Tsui fait une rencontre capitale avec le futur maître du héro-movie, il s’agit de John Woo. Il interprète l’un des rôles principaux d’une comédie pas très marrante signé par le future réalisateur de The Killer. Son titre Run, Tiger Run... et surtout ne t'arrêtes pas !

 

Peking Opera Blues
Pekin Opera Blues Il y a des œuvres qui marquent la carrière d’un réalisateur. Pour leurs qualités, ces œuvres sont reconnues non seulement par les fans, mais aussi des hésitants et des détracteurs qui refusent parfois d’ouvrir les yeux. Peking Opera Blues est un film qui prouve que Tsui Hark est un grand réalisateur. Une preuve indéniable de ses grands talents à fabriquer de l’image avec toujours un sens affûté et une grande maîtrise de l’esthétisme. Rarement un film n’aura réussit avec autant de bonheur le mélange des genres que ce Peking Opera Blues. Narrant les aventures de trois magnifiques personnages féminins dans la Chine post révolutionnaire de 1913, ce flamboyant panaché de comédie et d’aventure toujours esthétisant, fait naître une véritable émotion. Les interprètes sont justes et beaux, et une immense actrice apparaît plus belle que jamais. Véritable idéal féminin, élégante et gracieuse, ancienne princesse des glaces dans le monde Zu, la belle Brigitte Lin Ching-Hsia marque cette œuvre forte, véritable trésor du cinéma de Hong Kong et du cinéma tout court.

Un film qui prend toute sa dimension après 10 projections, et ainsi de suite. Un chef d’œuvre qui rend heureux, car la beauté est palpable, et cette musique… enivrante…

 

John WooJohn Woo et les jolies fantômes
Dorénavant, quasiment plus rien ne peut se faire sans l’approbation de l’homme à la barbichette, il a vampirisé la cinématographie hongkongaise, il l’a fait sienne et lui a donné sa matière créative.

En 1986, il produit pour la première fois le film d’un autre. Premier choix, et quel choix ! Son grand flair le fait choisir John Woo pour réaliser un héro-movie flamboyant et ultra-violent avec des acteurs magnifiés par une caméra poétique. Chow Yun Fat, Ti Lung, Leslie Cheung… point besoin d’en rajouter. A Better Tomorrow (Le syndicat du crime) promet des lendemains meilleurs et atteint son but, le film fait un véritable carton au box-office, les flingues se mettent à chanter et John Woo devient l’auteur du polar ultra-violent. Tsui Hark, lui, est un producteur heureux, mais un peu jaloux…

L’année 1987 et plus particulièrement la réalisation du film A Chinese Ghost Story (Histoires de fantômes chinois) et très importante pour plusieurs raisons. Primo, car le film officiellement réalisé par le chorégraphe Ching Siu-tung est une merveille de réalisation esthétisante et poétique. Ensuite car Tsui Hark y fait l’une des rencontres les plus importantes de sa carrière avec un chorégraphe de génie, fils du réalisateur Shaw Brothers Cheng Kang. De plus, ce film est, on peut quasiment l’affirmer, LE film qui a révélé la folie ambiante et jouissive du cinéma de la colonie aux yeux de l’Occident. Marc Toullec de Mad Movies croyait rêver et nous avec. Lequel d’entre vous n’a pas vu et revu les jolies renardes effectuer de gracieuses figures aériennes dévoilant l’espace d’un instant leur beauté érotique, une épaule de laquelle glisse un voile fin ? Qui n’a pas crû rêver en découvrant tant d’inventivité visuelle ?

Histoires De Fantômes Chinois a marqué beaucoup d’esprits pour sa totale liberté, son grand souffle émotionnel, son esprit bon enfant et sa beauté formelle.

A Hong Kong il se dit que Tsui Hark a laissé très peu de choix à Ching Siu-tung d’exprimer ses choix, à la vue du résultat final, on ne s’en plaint pas. Remake d’un vieux film du vétéran Li Han-Hsiang, The Enchanting Shadow, ce film est un formidable mélange de fantastique merveilleux et d’épouvante (avec des références au génial Evil Dead de Sam Raimi), le tout baignant dans une délicieuse démonstration esthétisante teintée d’un doux érotisme. A noter que ce film marque également les débuts de la toute nouvelle Cinefex Workshop, un laboratoire d’effets spéciaux créé par Tsui Hark en 1986.

Entre le réalisateur et le producteur, il naît parfois un certain paradoxe, celui d’un génie qui peut devenir despote. En 1987, il pousse John Woo a réalisé une suite à son A Better Tomorrow, que ce dernier désavouera. Malgré tout un tas de tiraillement, l’œuvre s’en sortira tout de même aisément, proposant de faire du film de gunfights un véritable wu xia pian moderne, remplacez les flingues par des sabres et vous obtiendrez un véritable film de capes et d’épées dans la grande tradition chinoise. Les références sont indéniables, le vieux maître Chang Cheh a marqué les esprits des deux hommes et ça se ressent dans ce véritable délire jouissif dans lequel les armes chantent, un chant funèbre dédié à l’héroïsme du vieux maître de la Shaw Brothers.

Tsui continue d’être en colère et ça, ce n’est pas une mauvaise nouvelle…

 

Tsui le producteur
Aimant faire le clown, il sera à l’affiche du sympathique Yes, Madam de Corey Yuen aux côtés de Samo Hung. Parenthèse en forme d’amusette avant le grand chambardement.

Ce goût pour la comédie se concrétisera de nouveau dans un héro-movie signé Patrick Tam (l’un des réalisateurs de la nouvelle vague hongkongaise), The Final Victory.

En 1988, il confie au très peu réputé Andrew Kam, la réalisation d’un polar ultra-violent, voir gore, The Big Heat. Très bon polar avec un excellent Waise Lee dans la peau d’un policier névrosé. Certainement énervé par le manque de savoir faire du réalisateur, Tsui fera appel à Johnnie To afin de reprendre les rênes du film.

Tsui Hark sait se souvenir, il a toujours avoué ses références, ses inspirations. C’est dans cette optique qu’il confiera au vétéran et génial réalisateur de plusieurs chef d’œuvres avant-gardistes Chu Yuan, la mise en scène d’une comédie délirante. Son titre : The Diary Of A Big Man, journal d’un Chow Yun Fat tentant vainement de se dépêtrer d’une situation dans laquelle il s’est lui-même empêtrer. Joey Wong et Sally Yeh jouent deux épouses trompées par… un même époux, Chow himself.

Réalisation en roue libre, humour très fin, suite de quiproquos complètement délirants, ce film demeure une référence de la comédie cantonaise. A ce propos, les producteurs actuels feraient bien de s’en inspirer afin de redorer un blason peu glorieux…

Après avoir produit un Laserman dont le résultat final déplaira tellement à Tsui, qu’il décidera de ne pas le sortir, il passe à la production d’un autre film de science-fiction. Réalisé par un honnête artisan, David Chung, I Love Maria aka Roboforce est un sympathique pastiche du Robocop de Paul Verhoeven en version féminine. Le robot interprété par l’actrice Sally Yeh est appelé Maria en hommage au robot du Metropolis de Fritz Lang. Les acteurs John Shum et Tony Leung Chiu-Wai, participent  au reste du casting dans lequel Tsui Hark interprète le rôle principal, celui d’un détective alcoolique hilarant. Au final, le spectacle est très agréable à suivre et décoche au passage le prix des meilleurs effets spéciaux au festival du Grand Rex.

 

The Killer
The KillerIl est facile lorsque l’on parle du western de faire référence à John Ford ou à Sergio Léone, ou de citer Jean-Pierre Melville lorsque l’on parle du polar à la française. A partir de 1989, il sera aisé de citer un film de John Woo lorsque l’on évoquera le héro-movie. 1989, la grande année de réalisation du chef d’œuvre définitif de John Woo, un chef d’œuvre impérissable et qui aura marqué tous les esprits, The Killer. Le titre se suffit à lui même. Et dire que Tsui Hark n’avait pas donné à John Woo son consentement pour tourner cette œuvre, et que sans l’aide de Chow Yun Fat rien ne se serait fait. Le résultat donnera ce que l’on sait, un grand film, un chef d’œuvre. Une magistrale claque dans la gueule à toute perspective de désacralisation du genre. Le héro-movie est Wooien et Tsui vient de se prendre une baffe, il est jaloux…

 

Adieux aux maîtres et tentative de récupération des mythes
Le vieux Chang Cheh se sentant fatigué aura la reconnaissance de ses nombreux élèves qui se mobiliseront pour lui assurer une retraite méritée. Ce sera Just Heroes que John Woo, le fils spirituel, co-réalisera avec Wu Ma et que Tsui Hark produira. Un film qui s’il n’atteint pas les sommets de l’héroisme Wooien a le mérite de rassembler un sacré casting : David Chiang, Chen Kuan Tai, Ti Lung… on arrête là ?… non !… Danny Lee, Wu Ma, Stephen Chow… et reste un très bon spectacle qui ne laisse que très peu de place à l’ennui.

Dans la foulée, Tsui confiera à David Chung la réalisation d’un vieux projet qu’il comptait un temps réalisé lui même. Il s’agit d’un thriller à la Hitchcok, Web Of Deception avec l’actrice Joey Wong. En résultera un film superficiel et pas assez jusqu’au-boutiste, tiraillé par un trop plein d’influences.

A Better Tomorow 3Après trois années de productions et de frustrations diverses, Tsui revient à la réalisation avec une tentative de récupération du mythe que John Woo aura mis en œuvre avec ses deux Syndicat Du Crime. L’homme à la barbichette souhaite donner une âme à ses personnages et parle de sa ville natale avec une certaine nostalgie, il envoie Mark, alias Chow Yun Fat, côtoyait une princesse du flingue en plein conflit vietnamien. Il s’agit de A Better Tomorrow 3 : Love And Death In Saigon , une œuvre qui veut parler de mort et d’amour. Le spectateur se sentira trahi, tellement l’œuvre est une sorte de négation des thèmes chers à John Woo, une tentative de désacralisation. Il semble que Tsui Hark cherche à venger un affront, quelqu’un, un autre réalisateur, un ami, a réussit sur un autre terrain que le sien ! Tsui est en rogne !...

 

Le temps des chevaliers 
Swordsman … lorsqu’il est en colère, il peut péter les plombs comme avoir l’idée de redorer le blason du chevalier dans le wu xia pian. Il pense à King Hu, l’un de ses maîtres et inspirateurs pour mettre sur pied un film de sabres très nostalgiques, mais avec une vitesse de narration plus rapide, une tentative d’en montrer le plus possible en un minimum de temps. Le film en question, Swordsman, un cocktail survitaminé de fantaisie et de film de sabres traditionnel. Trouvant le vieux maître trop lent et sans doute peu enclin à subir les multiples changement de caps orchestrés, il lui demandera de se retirer et confiera la réalisation à l’un de ses sergents, en l’occurrence Ching Siu-tung, puis à des amis, Raymond Lee, Ann Hui et lui même. Le film est un spectacle furieusement hallucinant, une vitesse de narration quasi imperceptible pour le spectateur lambda et même les autres, je défie quiconque de raconter cette histoire rocambolesque, une folie visuelle de tous les instants. Ce film aura relancé le genre et de là naîtront tout un tas de rejetons plus ou moins indignes.

Retour ensuite à la production disons plus standardisée avec Spy Games qui comme son titre l’indique, parle d’espionnage. Le film est assez platement filmé par le génial monteur David Wu.

Puis ce sera une suite aux Histoires De Fantômes Chinois. Cette fois Ching Siu-tung semble disposer de plus de liberté, en résulte un spectacle complètement fou visuellement avec notamment un Jacky Cheung génial en épéiste cinglé et redoutable, une Joey Wong toujours aussi ravissante et un Leslie Cheung toujours aussi puéril… définitivement… Le spectacle tend vers plus de folie, mais la poésie est moins présente. Peu importe, ce spectacle est un bonheur de tous les instants comme en voudrait en voir plus souvent en cette période de vaches maigres.

Chinese Ghost Story 2 / Histoire de fantômes chinois 2Chinese Ghost Story 3 / Histoire de fantômes chinois 3

Le duo Tsui Hark / Ching Siu-tung a le mérite d’accoucher d’œuvres fortes et surtout de donner un spectacle visuellement transfigurant.

The RaidThe Raid , tourné dans la foulée est de ces spectacles fous, ces oeuvrettes totalement dédiées à l’éclate. On y retrouve un casting fort alléchant pour un film tiré d’une BD chinoise dont le héros – un médecin aventurier, une sorte d’Indiana Jones chinois, y combat l’envahisseur japonais – le spectacle est assuré , on ne s’ennuie pas une minute.

 

SUITE du portrait

 

Philippe Quevillart, Avril 2003

 

 

 Filmographie  (les films en caractères gras sont ceux sortis en France)

 

2002
THE ERA OF VAMPIRES de Wellson Chin (Producteur et Scénariste)

2001
BLACK MASK 2 (Réalisateur et Producteur)
MASTER Q 2001 de Herman Yau (Producteur et Scénariste)
THE LEGEND OF ZU (Réalisateur, Producteur et Scénariste)

2000
TIME AND TIDE (Réalisateur, Producteur et Scénariste)

1998
KNOCK OFF Piège à Hong Kong - (Réalisateur)

1997
DOUBLE TEAM (Réalisateur)
CHINESE GHOST STORY : THE ANIMATED MOVIE de Andrew Chan (Producteur et Scénariste)
ONCE UPON A TIME IN CHINA AND AMERICA – Docteur Wong en Amérique - de Samo Hung (Producteur)

1996
BLACK MASK de Daniel Lee (Producteur et Scénariste)
SHANGHAI GRAND de Poon Man-Kit (Producteur)
TRI-STAR (Réalisateur et Scénariste)

1995
THE CHINESE FEAST - Le Festin Chinois -  (Réalisateur, Producteur et Scénariste)
LOVE IN THE TIME OF TWILIGHT Dans La Nuit Des Temps(Réalisateur, Producteur et Scénariste)
THE BLADE
(Réalisateur, Producteur et Scénariste)

1994
BURNING PARADISE - Le Temple Du Lotus Rougede Ringo Lam (Producteur)
THE LOVERS (Réalisateur, Producteur et Scénariste)
ONCE UPON A TIME IN CHINA 5 Docteur Wong Et Les Pirates – (Réalisateur, Producteur et Scénariste)

1993
IRON MONKEY de Yuen Woo Ping (Producteur et Scénariste)
GREEN SNAKE (Réalisateur, Producteur et Scénariste)
ONCE UPON A TIME IN CHINA 3 (Réalisateur, Producteur et Scénariste)
ONCE UPON A TIME IN CHINA 4 – La Danse Du Dragon – de Yuen Bun (Producteur et Scénariste)
THE MAGIC CRANE de Benny Chan (Producteur et Scénariste)
THE EAST IS RED - SWORDSMAN III - de Raymond Lee et Ching Siu-Tung (Producteur et Scénariste)

1992
THE WICKED CITY de Peter Mak (Producteur et Scénariste)
SWORDSMAN 2 de Ching Siu Tung (Producteur et Scénariste)
THE MASTER (Réalisateur et Producteur)
ONCE UPON A TIME IN CHINA 2 La Secte Du Lotus Blanc(Réalisateur, Producteur et Scénariste)

KING OF CHESS de Yim Ho (Producteur)

DRAGON INN L’Auberge Du Dragonde Raymond Lee (Producteur et Scénariste)
TWIN DRAGONS - Double Dragons - (Co-réalisateur avec Ringo Lam, Scénariste et Acteur)

1991
A CHINESE GHOST STORY 3 Histoires De Fantômes Chinois 3de Ching Siu-Tung (Producteur et Scénariste)
THE RAID de Ching Siu-Tung (Producteur et Scénariste)
ONCE UPON A TIME IN CHINA Il Etait Une Fois En Chine(Réalisateur, Producteur et Scénariste)
THE BANQUET (Co-réalisateur avec Clifton Ko, Alfred Cheung et Joe Cheung et Scénariste)

1990
A CHINESE GHOST STORY 2 Histoires De Fantômes Chinois 2de Ching Siu-Tung (Producteur)
SPY GAMES de David Wu (Producteur)

SWORDSMAN de King Hu (Producteur)

1989
A BETTER TOMORROW 3 Le Syndicat Du Crime 3(Réalisateur et Producteur)
THE KILLER
de John Woo (Producteur)
JUST HEROES
de John Woo et Wu Ma (Producteur)
WEB OF DECEPTION de David Chung (Producteur)
A TERRA-COTTA WARRIOR
de Ching Siu-Tung (Producteur)

1988
THE BIG HEAT de Johnnie To et Andrew Kam (Producteur)

GUNMEN de Kirk Wong (Producteur)

I LOVE MARIA Roboforcede David Chung (Producteur et Acteur)

1987
A CHINESE GHOST STORY Histoires De Fantômes Chinoisde Ching Siu-Tung (Producteur)
A BETTER TOMORROW 2 Le Syndicat Du Crime 2de John Woo (Producteur et Scénariste)

FINAL VICTORY de Patrick Tam (Acteur)

1986
A BETTER TOMORROW Le Syndicat Du Crimede John Woo (Producteur)
PEKING OPERA BLUES (Réalisateur et Producteur)

HAPPY GHOST 3 de Raymond Wong et Johnnie To (Acteur)

1985
KUNG HEI FAT CHOY de Dean Shek (Acteur)

WORKING CLASS (Réalisateur et Acteur)
YES, MADAM Le Sens Du Devoir 2 - de Corey Yuen (Acteur)

1984
ACES GO PLACES – OUR MAN FROM BOND STREET Mad Mission 3 (Réalisateur et Acteur)
SHANGAI BLUES (Réalisateur)
RUN, TIGER, RUN de John Woo (Acteur)

1983
ZU – THE WARRIORS FROM THE MAGIC MOUNTAIN Zu – Les Guerriers De La Montagne Magique(Réalisateur et Caméo)

ACES GO PLACES 2 Mad Mission 2de Eric Tsang (Acteur)
TWINKLE TWINKLE LITTLE STAR de Alex Cheung (Caméo)
ALL THE WRONG SPIES de Teddy Robin Kwan (Acteur)

1982
ACES GO PLACES Mad Missionde Eric Tsang (Acteur)
IT TAKES TWO de Karl Maka (Acteur)

1981
ALL THE WRONG CLUES (Réalisateur)

CHASING GIRLS de Karl Maka (Caméo)

1980
WE’RE GOING TO EAT YOU Histoires De Cannibales(Réalisateur)
DANGEROUS ENCOUNTER – 1st KIND L’Enfer Des Armes(Réalisateur, Scénariste et Caméo)

1979
BUTTERFLY MURDERS (Réalisateur)

 

Les origines - Les débuts - Et Zuuuu ! - Karl Maka - La Film Workshop - Peking Opera Blues
John Woo et les jolies fantômes - Tsui le producteur - The Killer
Adieux aux maîtres et tentative de récupération des mythes - Le temps des chevaliers

 

Suite portrait Tsui Hark
Retour Acteurs

Retour Réalisateurs

© HKCinemagic2

Les articles n'engagent que leurs auteurs. Toute reproduction d'un article du site en vue d'une édition doit faire l'objet d'une demande. Les photos utilisées pour illustrer ce site sont tirées de magazines, d'autres sites ou de VCD. Si les personnes possédant les copyrights sur ces photos ne souhaitent pas les voir figurer dans ce site, qu'elles nous préviennent, nous les retirerons.