Pour ceux qui l’ont vu,
La Rage Du Tigre restera la référence du wu xia pian Shaw
Brothers. Un film qui a inspiré les plus grands cinéastes hongkongais dont John Woo (Last Hurrah For Chivalry), Kirk Wong (The Club) pour le style, mais surtout Tsui Hark (The Blade) et Daniel Lee (What Price Survival -
Frères
d'armes) qui eux en ont fait un remake. Le héros de ce film est
David Chiang, l’élégant acteur que l’ogre se plaît à magnifier puis à
supplicier dans ses œuvres, doit-on y voir une forme d’amour extrême…
David Chiang est né
en 1947 à Suzhou, en Chine. Ses parents étaient des artistes renommés dans le monde
du cinéma mandarin. Le jeune Jiang Da Wei (son nom mandarin) fit très
tôt quelques
apparitions dans des films. Après des études au Chu Hai College de
Hong-Kong, il entra
comme régleur de combats et cascadeurs dans le cinéma. Chang Cheh le remarque et lui
propose d’intégrer la maison de production des frères Shaw. En 1968, il fait sa première apparition dans
Golden Swallow aux
côtés de
Jimmy Wang Yu et Cheng Pei
Pei. L’année suivante il
participe à 3 films de Chang Cheh et notamment dans Dead End où il croise celui
qui va devenir son éternel associé, en l’occurrence Ti
Lung. Avec son beau visage
et son allure élégante, David Chiang attise les penchants masochistes de l’ogre qui
se plaît à le torturer dans ses films, dans Heroic Ones (Les 13
Fils Du Dragon D’Or),
il finit écartelé, son corps explosant aux quatre coins de l’écran. En 1971, il
interprète le rôle de Lei-Li, plus connu sous le nom de sabreur-manchot dans le film qui
a révélé Chang Cheh à l’Occident,
The New One Armed Swordsman (La Rage Du Tigre),
une véritable furie dévastatrice
naît de ce film qui est le 3ème volet des aventures du
sabreur-manchot qui n’a d’équivalent en Occident que la
violence graphique chère à un Sam Peckinpah (La Horde Sauvage vient
inévitablement à l'esprit) voire un Robert
Aldrich.
David Chiang partage l’affiche avec Ti Lung dans ce
flamboyant film d’épée d’une violence incroyable. Tous les superlatifs ont
été employés pour parler de ce film qui a fortement marqué l’industrie
hongkongaise, les plus grands citent ce film en exemple comme une sorte de détonateur ayant
déclenché une avalanche de productions inégales. L’année suivante,
Chang Cheh
réalise Deadly Duo qui reprend un
peu ses thèmes, ses obsessions habituelles, ce film est encore plus violent et plus
sanglant, on peut même employer le
mot 
" gore " pour définir les
atrocités qui sont commises dans ce wu xia pian à la réalisation un peu moins
maîtrisée que son prédécesseur, mais qui vaut tout de même largement le coup
d’œil. David Chiang y finit encore criblé de flèches dans une position de
martyr. La même année il interprète le rôle de Tan, truand sympathique qui prend Ma
Yuen Chen (Chen Kuan Tai) sous sa coupole, dans l’excellent
Boxer
From Shantung (Le Justicier de Shanghai),
cette fois il est plus en retrait, mais son rôle est déterminant. Après
plusieurs
films réalisés par Chang Cheh dont les excellents Blood Brothers et Génération
Gap (pour ce film il obtient d’ailleurs un prix d’interprétation), il
participe au tournage d’une co-production entre la Shaw Brother et la maison de
production britannique Hammer, il s’agit du film Les
7 Vampires d’Or de Roy Ward Baker (réalisateur des Cicatrices de Dracula et de
l’excellent Docteur Jeckyll et Mister Hyde).
Quand Chang Cheh débute sa série dédiée au temple de
Shaolin, David Chiang qui possède
des qualité martiales intéressantes, fait partie de la distribution aux côtés des
monstres en la matière que sont Ti Lung et
Alexander Fu
Sheng, ce qui lui vaut
d’être engagé par maître Liu Chia-liang pour le film
Shaolin
Mantis (La Mante Religieuse) qui constitue encore
aujourd’hui l’un des sommets du cinéma de kung fu. David Chiang y fait preuve
d’un très grand talent d’artiste martial. En dehors de ses qualités
d’acteur, il est également un réalisateur plutôt habile voir The
Legend of The Owl une comédie kung fu dans laquelle il partage l’affiche
avec Eric Tsang. Le reste de sa filmo en tant que réalisateur sera plus basé sur du
mélodrame lacrymal avec parfois de la réussite (Mr Handsome
avec Richard Ng et Carol Cheng)…
Parallèlement il continuera d’apparaître dans une trentaine
de films. Il fera partie de la distribution de Shanghai 13,
et marquera fortement les œuvres dans lesquelles il apparaîtra. Logiquement il sera
de la partie lorsque Tsui
Hark, John Woo et Wu Ma voudront rendre un hommage au vieux
maitre Chang Cheh avec
Just Heroes .
Dans Once Upon A Time In China 2 (La Secte du Lotus Blanc), Tsui Hark
lui donne un rôle important, une sorte de passerelle entre les époques… Et en 1994,
le jeune Daniel Lee a l’intelligence de le mettre à l’affiche de son génial
What Price Survival (Frères d'armes) qui
se veut une sorte de mise à jour expérimentale de l’œuvre de
Chang Cheh et
notamment sa trilogie du sabreur-manchot… Décidément cette trilogie aura marqué
l’histoire du cinéma hongkongais, et ce n’est peut-être pas fini…
Philippe (septembre 2002)
