Hong Kong a
beau avoir réintégré la Chine en 1997, les différences séparant
l’ancienne colonie et sa mère patrie restent vives. Mais cela n’a
rien d’étonnant…Ce qu’il faut garder en mémoire, c’est que la
Chine n’a jamais été un pays à culture centralisatrice. Du fait de
son incroyable taille les régions ont toujours eu une certaine autonomie
et développé leurs cultures propres. Une des séparations
traditionnelles et emblématiques, qui a souvent mené à des
affrontements par le passé, est celle qui oppose le nord au sud. Théoriquement
les gens du nord et du sud sont les mêmes : des Chinois. En
pratique, les différences qui les opposent sont nombreuses : La
langue en premier lieu, mandarin dans le nord, cantonnais dans le sud
(avec des variations, en fonction des dialectes) et tout le bagage
culturel (cuisine, arts martiaux, mentalités de manière plus générale).
Logique dans ces conditions que les deux se sentent un peu étrangers à
l’autre.
Les circonstances historiques récentes
n’ont pas arrangé les choses. Hong Kong telle que nous la connaissons
est issue de la domination Britannique vers 1840, avant ce n’était
qu’un petit village de pécheurs. Si cette domination est hautement
condamnable, le fait est qu’elle a conféré une grande stabilité à la
colonie et a permis le développement d’une culture propre, Chinoise en
grande partie mais avec des éléments occidentaux. A côté de ça la
Chine a elle connu une succession d’évènements difficiles. La chute du
système impérial, la guerre civile entre nationalistes et communistes et
les nombreux soubresauts du régime fondé par Mao pour ne citer que les
plus connus ont fortement marqué le peuple Chinois. Hong Kong n’en a
ressenti que les effets, mais a très rarement été impliqué directement
dans la tourmente. Résultat : Le fossé entre Hong Kong et le reste
de la Chine s’est développé et encore aujourd’hui (surtout
aujourd’hui même !) les Hong Kongais sentent fortement cette différence
qui les opposent aux autres habitants de la Chine.
Mais Hong Kong a souvent été l’objet
d’immigration en provenance de Chine et son cinéma, toujours à la
recherche de nouveaux talents, a puisé régulièrement dans l’immense réservoir
à talents qu’elle représente. Dans les années 1950 la grande
concurrente que représente Shanghai est en déclin suite aux événements
politiques et Hong Kong accueille avec enthousiasme les stars locales, récupérant
ainsi des gens compétents et avec une bonne base publique. Tout bénéfice
pour l’industrie locale. Les différents mouvements d’immigration qui
agiteront Hong Kong amèneront nombre de personnes de Chine continentale
(souvent originaire de la province de Guangdong au nord de la péninsule)
dans la colonie à des âges variés ( souvent assez jeunes) qui se
retrouveront à travailler dans le cinéma. Avec un petit peu de temps,
ils deviennent bien souvent de véritables Hong Kongais d’adoption, dont
les origines sont oubliées. Les autres artistes originaires de Chine
utilisés par le cinéma de Hong Kong obéissent à deux grandes catégories.
Ceux recrutés en raison de leurs capacités physiques, souvent lors de
tournages sur place. Cette catégorie concerne principalement les artistes
martiaux. La disparition des écoles d’opéra de Pékin à Hong Kong
forcèrent les réalisateurs et chorégraphes à s’orienter vers les écoles
sportives de Chine pour injecter du sang neuf dans les films d’action.
D’ou les Jet Li et autres Chiu Man
Chuk. La deuxième catégorie
concerne les acteurs déjà stars en Chine qui se voient offrir de temps
en temps des rôles dans des productions Hongkongaises. L’opportunité
est souvent intéressante pour eux mais cela ne produit jamais de véritable
changement de carrière. Cela représente souvent plus une sorte de pause
récréative (et lucrative), une manière de soigner son image en jouant
dans des films populaires. Citons entre autres le cas de la célèbre Gong
Li ou Siqin Gaowa. Voici maintenant les portraits de quelques-uns de ses
autres compatriotes.
Arnaud Lanuque
(janvier 2003)
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