Le premier film labellisé "Kung Fu" ayant bénéficié d’une sortie sur les écrans français est La Main De Fer, non seulement Lo Lieh faisait partie de la distirbution de ce film, mais il en était l’acteur principal.

Né en Indonésie dans une famille chinoise, il vient s’installer à Hong Kong en 1958. Très vite il rentre à l’école de la Shaw Brothers. Il fait sa première apparition dans Temple Of The Red Lotus du vétéran Chui Chang Wang. En 1966, Chang Cheh réalise son premier wu xia pian, il s’agit de Tiger Boy dans lequel Lo Lieh partage l’affiche avec Jimmy Wang Yu. Rapidement, son physique de dur à cuire aidant, il est cantonné dans des rôles de méchants. Il interprète ainsi le rôle de Han Tao dans Golden Swallow de Chang Cheh, puis quelques autres films comme The Dragon Swamp de Lo Wei aux côtés de Cheng Pei Pei. 

En 1970, Wang Yu réalise The Chinese Boxer et offre à Lo Lieh le rôle d’un méchant japonais qui finira rossé par le "héros national". En 1971, il rejoint Cheng Pei Pei à la distribution de Lady Hermit, film culte en Occident sorti en France sous le titre Les Griffes De Jade*, réalisé par Ho Meng-Hua. Mais c’est l’année suivante qu’il obtiendra son premier rôle principal dans King Boxer alias Five Fingers Of Death (La Main De Fer) avec le carton que l’on connaît. La vague des western-spaghetti post-Sergio Leone explose en Italie et l’un de ses réalisateurs les plus doués, Antonio Margheriti (qui signa la plupart de ses films sous le pseudo Anthony M.Dawson) pense mélanger les deux genres kung-fu + western, ce sera Blood Money (La Brute, Le Colt et Le Karaté ) dans lequel Lo Lieh partage l’affiche avec l’immense Lee Van Cleef. Il s’agit d’une co-production internationale entre la Shaw Brothers et le producteur Carlo Ponti. Le film par lui-même n’est pas un chef d’œuvre, loin s’en faut, mais les deux acteurs principaux s’en sortent plutôt bien. En 1975, Ho Meng-Hua lance la vague des films d’horreur avec sa série des Black Magic et pense à Lo Lieh pour incarner le méchant de service, une espèce de sorcier maléfique. 

L’année 1976 sera celle du réalisateur Chor Yuen (Chu Yuan en mandarin) qui apporte une ambiance baroque au wu xia pian avec de véritables joyaux comme The Magic Blade ou Killer Clans. Dans le premier cité, Lo Lieh partage l’affiche avec l’acteur fétiche du réalisateur, Ti Lung. Suivront plusieurs productions mineures tournées à Taiwan dont un très délirant et très kitsch Black Belt Karaté, dans lequel Lo Lieh affronte un clown… pardon, un clône de Bruce Lee. En 1978, il participe au chef d’œuvre de Liu Chia-liang The 36^th Chamber Of Shaolin. Il interprète ensuite le méchant dans l’excellent Mad Monkey Kung Fu du maître. En plus d’être un acteur de tout premier plan, Lo Lieh est également un habile réalisateur qui en 1980 met en scène un remake de Executionners From Shaolin de l’inévitable Liu Chia-liang, son titre Clan Of The White Lotus ** dans lequel Gordon Liu interprète le rôle principal et notre acteur-réalisateur joue le rôle du chef du clan en question. Ce film ne se contente pas d’être un simple remake, il est même formellement supérieur à son modèle. 

La même année, Tsui Hark déchaîne la censure avec son Dangerous Encounter 1^st Kind (L’Enfer Des Armes)*, dans lequel Lo Lieh interprète le rôle du flic dur mais juste, frère de l’héroïne. Dès lors, sa carrière sera jalonnée de films plus ou moins anecdotiques, des sérials fauchés tournés pour la plupart à Taïwan. Il fera quelques apparitions intéressantes dans des films comme The Occupant de Ronny Yu, aux côtés de Chow Yun-fat dans lequel il interprète une sorte d’exorciste, mais également dans l’excellent et ultra-violent thriller On The Run d’Alfred Cheung, dans lequel il interprète l’un des flics pourris avec Yuen Wah et Phillip Ko. En 1988, il interprète le rôle d’un chef de triade dans City War, une tentative du réalisateur Shaw Brothers Suen Chung de renouer avec le succès de la série de John Woo A Better Tomorrow (Le Syndicat du Crime). L’année suivante, Jackie Chan lui donne le rôle de Fei dans sa super-production Mr. Canton & Lady Rose (Big Brother). Après quelques caméos dans des films anecdotiques, il interprètera le rôle d’un " sifu " dans le très "élégant" Sex & Zen de Michael Mak. En 1992, il joue le rôle d’un général dans le Police Story 3 de Stanley Tong. Sa dernière apparition, après quelques catégories 3, est dans le Glass Tears de la réalisatrice Carol Lai.

* Ces 2 films ont la particularité d’avoir été distribué en France par un certain Christophe Gans par l’entremise du distributeur Scherzo.

** Lo Lieh réalisera en tout cinq films.

Philippe (septembre 2002)