Jimmy Wang Yu est un témoin de la naissance du style
Chang Cheh,
mais à lopposé des futurs poulains de logre, il a toujours imposé une image
de dur implacable, opposant à la fibre homo-sexualisée dun David Chiang ou
dun Ti Lung, une imagerie mysogine et mégalomane qui na dégal en
occident que celle dun John Wayne, ou dun Clint Eastwood pour être plus
actuel.
Né en 1943 en Chine, Wang Yu montre rapidement
des qualités athlétiques au-dessus de la moyenne, il s’orientera
vers la natation, discipline dans laquelle il brillera
particulièrement et deviendra un champion. Il émigrera à
Hong-Kong à une époque trouble de l’histoire chinoise. Après
ses études, et quelques figurations dans des productions mineures
de la Shaw Brothers, il intégrera la distribution de deux wu xia
pian du vétéran Chui Chang Wang. C’est en 1964 que la rencontre
avec Chang Cheh se
fera : il s’agit du film Tiger Boy
(ce film sera
distribué en 1966), un wu xia pian qui tranche radicalement avec
les productions habituelles du genre de par une violence très
sèche. Le style Chang
Cheh naît et Wang Yu en est avec Lo
Lieh, l’un des témoins. Il enchaînera ensuite avec une
série de films de sabres assez inégaux. Le mythe du sabreur
manchot fait partie de l’histoire du cinéma Hongkongais, c’est
à ce titre que le One Armed Swordsman (Un seul bras les tua tous)
de Chang Cheh est un
peu le mètre-étalon d’un série de films consacrés à l’épéiste
à un bras, qui inspirera des réalisateurs comme Tsui Hark et
Daniel Lee. Le film par lui-même est basé quasi-entièrement sur
un rapport quasi-masochiste entre l’homme et la femme ; en effet,
c’est une femme qui tranchera le bras du sabreur, un démembrement
que l’on pourra comparer à une émasculation. Ensuite ce sera une
succession de combats violents montrant un héroïsme jusqu’auboutiste
d’une violence inouïe, le film sera un succès au box-office.
Une
suite complètement délirante sera donné au film, il s’agit du
génial Return Of The One Armed Swordsman dans
lequel Jimmy Wang Yu reprend le rôle de Lei-Li qui est cette fois
opposé à plusieurs adversaires redoutables ayant chacun une
particularité, notamment l’acteur/chorégraphe Liu
Chia-liang, en homme-taupe anticipant le personnage de Jacky
Cheung dans Chinese
Ghost Story 2 (Histoire de Fantômes Chinois 2).
Le film est une
succession de combats cartoonesques carrément jouissifs. Avant
cela, l’ogre aura fini de féminiser le wu xia pian cher à des
auteurs comme King Hu
ou Chor Yuen dans un Golden Swallow
qui bien qu’étant la suite directe du Come Drink With Me de
King Hu donne à Wang
Yu la part belle, par rapport à l’actrice Cheng
Pei Pei interprète-titre. Dans ce film, il joue le rôle de
Silver Rock, un guerrier implacable.
Les rapports de Chang
Cheh avec ses acteurs sont bien connus, il les montre avec une
passion qui peut s’apparenter à de l’amour, élégants et
puissants, et finit par les faire exploser aux
quatres coins de l’écran, leurs organes s’extirpant comme par
jouissance ; Jimmy Wang Yu est à l’opposé de cette imagerie
homo-sexuel, il est même plutôt du genre macho tombeur, ses
rapports avec Chang Cheh
n’auront de cesse de s’envenimer et s’achèveront après The
Return Of The One Armed Swordsman.
L’acteur
partira en Corée pour y tourner en tant que réalisateur un film de
kung fu ultra-violent et limite nationaliste, The Chinese Boxer (Karaté
à mort pour une poignée de soja).
Dans ce film qui est un peu le précurseur du cinéma de Bruce Lee,
Wang Yu impose son image de dur limite mégalomane : il casse de l’envahisseur
japonais à tour de bras dans une surenchère de violence qui
choquera à l’époque pour un film de combats à mains nues. L’année
suivante, il réalisera le délirant One
Armed Boxer (Le Roi Du Kung Fu).
Avez-vous déjà vu un homme marcher sur les doigts, un moine se
gonfler comme un ballon de baudruche, un bras arraché par un coup
de main tranchante ! ! ! ? c’est dans ce film
que tout cela se passe, du total délire où Wang Yu montre ses
limites quand il s’agit de distribuer des coups de pied. En effet,
son style s’apparente plus à celui d’un danseur-étoile qu’à
celui d’un véritable pratiquant de kung fu, malgré son côté
kitsch ce film reste très agréable à voir pour son côté très
second degré. Puis viendra le temps de The Beach Of War-Gods (Le Dieu De La Guerre),
un sympathique film de sabre dans la veine des 7 Samourais de
Kurosawa (la comparaison s’arrêtant bien entendu
là ! ! !), mais avec ce côté très nationaliste
caractérisant le cinéma de Wang Yu. Après une série de
films inédits tournés à Taïwan, il fera la rencontre de Lo
Wei (Fist Of Fury, The Big Boss), avec
lequel il tournera une série de films d’action assez moyens comme
A Man
Called Tiger (Un Homme Nommé Tigre), Seaman n°7,
avec une petite mention spéciale pour The Tattooed Dragon
qui révélait l’actrice Sylvia Chiang et Samuel Hui frère du
comique Michael Hui, un sympathique petit film de série B qui est
sorti en France sous le titre évident de Dragon Tatoué. Wang Yu y
interprète le rôle d’un justicier venant au secours de
villageois aux prises avec de vilains contrebandiers sans vergogne,
il retrouve sa célèbre fibre machiste, mais fait montre d’un
véritable talent d’acteur. Cette époque est également celle
pendant laquelle il entretient des rapports plus qu’étranges avec
la pègre, le réalisateur Lo
Wei n’étant pas en reste. Ce dernier chargera les triades de
mettre un contrat sur la tête de Jackie Chan quand ce dernier
voudra se défaire de ses griffes, Jimmy Wang Yu aura alors la
"noblesse" de calmer les ardeurs du milieu et demandera en
échange au jeune acteur une contrepartie, en l’occurrence
interpréter un rôle dans l’un de ses fillms.
Après une série de films dans la veine
de One Armed Boxer, cest à dire des sérials
fous où toutes les exagérations sont permises, notamment une suite à ce dernier film
encore plus délirante, il intégrera le casting dune co-production
américano-Hong-Kongaise réalisée par Brian Tranchard-Smith, il sagit du film
despionnage The Man From Hong Kong (L'Homme de Hong Kong). La suite de sa
carrière sera faite déchecs et de semi-réussites. En 1983, il rappelle à
Jackie
Chan certains engagements, en effet ce dernier commence à se faire un nom et il a
lidée de lintégrer au casting du délirant Fantasy
Mission Force (La Mission Fantastique) réalisé par
Chu Yen Ping, les deux hommes se sont déjà rencontrés sur le tournage de
Killer Meteor de Lo
Wei, et concrétiserons une seconde
collaboration 7 ans plus tard, une nouvelle fois sous la caméra de Chu Yen
Ping, avec Island Of Fire, un film violent qui tranche
radicalement avec le reste de la filmo de Chan. Entre temps, Jimmy Wang Yu aura renoué
des liens avec Chang Cheh en interprétant le rôle du truand "Black Hat" dans
Shangaï 13, le film-somme de logre et il aura
effectué un sympathique caméo dans lexcellent Shangaï
Express de Samo
Hung. En 1991, Tsui Hark lui donne aussi un petit
rôle dans son chef duvre Once Upon A Time In
China, où il interprète lun des esclaves que les américains
tentent dabuser. La dernière apparition marquante de Jimmy Wang Yu se fera dans le
très moyen The Beahead 1000 de Ding Sin Saai
aux côtés de Joey Wong et Monica Chan
Philippe (septembre 2002)