Histoire
: Un
vieux maître chargé chaque année de convoyer
un chargement d'or à l'autre bout du pays a perdu tous
ses pouvoirs martiaux. Pour l'aider, il ne lui reste que sa
petite mais fragile armée et un couple de fidèles.
Son ennemi, qui tente inlassablement de lui dérober
ce trésor, veille et s'apprête à attaquer
le moment opportun. Un épéiste vient à
passer...
Générique aux superbes violines
dégradées
Critique
de David-Olivier : Have
Sword, Will Travel commence de manière très
romantique. Ti
Lung
et Li Ching couchés dans l'herbe tendre batifolent,
lorsque l'ennemi apparaît. La confrontation est courte
et peu violente. La tension va monter crescendo tout au long
du film pour éclater dans un bain de sang si cher à
ce vénérable Chang
Cheh.
Entre temps, un énigmatique épéiste (David
Chiang),
très proche du personnage campé par Toshiro Mifune
dans le Garde du Corps / Yojimbo d'Akira Kurosawa
(ou par Clint Eastwood dans Pour une Poignée de
Dollars / Per Un Pugno Di Dollari de Sergio Leone, son
remake), va traverser le récit pour y trouver une fin
tragique et grandiose.
Ti Lung et Li Ching batifolent
Encore une fois chez Chang
Cheh, les personnages
sont ambigus et convoitent chacun des biens appartenant aux
autres. David
Chiang est tombé
amoureux de Li
Ching, promise à Ti
Lung. Celle-ci,
d'ailleurs, ne cache pas l'intérêt qu'elle lui
porte... Quant à Ti
Lung, il est
fasciné par David
Chiang : il
lui envie notamment sa liberté et ses prouesses martiales.
C'est du reste plus pour cette raison que par jalousie pour
sa fiancée qu'il le hait. Connaissant Chang
Cheh, on pourrait même
parier qu'il en est tombé amoureux et que, devant la
peur de ce sentiment, préfère le rejeter violemment
! L'un d'eux finira presque dans les bras de l'autre... Le
méchant, enfin, qui a bien entendu des vues sur l'or
convoyé par le maître.
Les personnages ont donc de l'épaisseur
et on sent qu'à cette époque Chang
Cheh est à l'apogée
de sa créativité : ses films font un tout cohérent
et ne sont pas de simples prétextes à joutes
martiales, héros torse nu et giclées de sang
(même si Have Sword, Will Travel en regorge,
bien évidemment !). L'émotion passe et les scènes
intimistes sont aussi importantes que les séquences
d'action.
Attaque du convoi d'or
Les combats martiaux sont fort bien mis en scène. Ils
utilisent avant l'heure les câbles mais dans un souci
de réalisme : on est loin des délires esthétiques
des années 90. Comme souvent, nous avons droit à
de petites scènes d'action jusqu'à la grande
confrontation finale qui se déroule dans un lieu qui
plaira aux fans de Bruce Lee (Game Of Death de Robert
Clouse) : une tour dans laquelle les héros se battent
à chaque étage puis, une fois la place nette,
montent à la poursuite du méchant. Un déchaînement
de violence et de sang qui augmente plus les chevaliers s'éloignent
de la terre...
Une
fois n'est pas coutume, on notera que la bande originale du
film est de grande qualité et souligne bien les moments
d'intimité ou de tuerie.
En conclusion, il est indiscutable que Have Sword, Will
Travel fait partie des meilleurs films de son auteur,
Chang
Cheh.
Explication
du titre anglais : "Have XXX,
Will Travel" est un libellé qu'on trouvait souvent
dans les petites annonces des pays anglo-saxons. Il s'agissait
d'artisans qui proposaient leurs services à domicile
et spécifiaient qu'ils possédaient leurs propres
outils. Par exemple, dans le cas du film de Chang
Cheh, le personnage joué
par David
Chiang, épéiste
errant, proposera finalement ses services à un "client",
le vieux maître qui a perdu ses pouvoirs.
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