Une
naissance mouvementée
Jackie
Chan, de son vrai nom Chan Kong-Sang, est né durant l’année
du cheval, le 7 avril 1954, à Hong Kong. Ses parents, Charles
Chan et Lee Lee Chan sont issus d’un tissu social pauvre et
sont simples employés à l’ambassade de France. Son père y
est cuisinier et homme à tout faire, sa mère femme de ménage,
le couple vivant dans l’une des nombreuses chambres de la
représentation diplomatique française.
Si
la plupart des bébés viennent au monde après neuf mois, la
naissance de Jackie Chan sera des plus périlleuses puisqu’il
faudra attendre trois mois supplémentaires et une opération
chirurgicale délicate pour voir apparaître le plus grand des
acteurs-cascadeurs-réalisateurs-chorégraphes-scénaristes-chanteurs
du 20ème siècle. Peu fortuné, pour ne pas dire totalement
démuni, Charles et Lee Lee Chan songent un moment à abandonner
leur enfant à une famille plus aisée. Néanmoins, Jackie est
fils unique et le couple voit en lui le symbole d’un nouveau
départ. C’est grâce au soutien financier de quelques amis
que Charles Chan parvient à payer les frais d’hospitalisation
engendrés par l’accouchement.
Une
étoile est née…
L’Opéra de Pékin (1960
- 1971)
En
1960, Charles Chan est contraint de quitter Hong Kong pour
rejoindre l’ambassade de Chine en Australie. Compte tenu d’une
situation financière toujours difficile, il est incapable de
subvenir à l’éducation de son fils. Jackie, âgé d’à
peine sept ans, se retrouve alors enrôlé par l’Opéra de
Pékin et y restera jusqu’à dix-sept ans, parvenant à y
développer des capacités martiales hors du commun. Son
maître, personnage essentiel de sa vie, a pour nom Yu Ji-Yuen.
En signe de respect, Jackie Chan prend un nouveau patronyme,
Yuen Lo et sera même adopté, quelques années plus tard, par
son mentor.
L’enseignement
prodigué dans le cadre de l’Opéra de Pékin est vaste et
particulièrement ardu. Si la comédie et le chant y font bonne
figure, c’est avant tout l’art de l’acrobatie et le combat
martial dans toute sa diversité qui occupent la place
prépondérante. Les entraînements sont extrêmement difficiles
et peuvent facilement durer jusqu’à dix-huit heures par jour.
De plus, il n’est pas rare que les élèves récalcitrants et
indisciplinés soient battus par leurs maîtres. C’est dans
cet univers physique impitoyable que Jackie Chan développe un
style unique qui fera de lui la plus grande star hongkongaise
des années 80 et 90. En outre, l’Opéra de Pékin servira de
tremplin à d’autres futures personnalités du cinéma de Hong
Kong puisque des artistes aussi essentiels que Sammo
Hung, Yuen Biao, Corey
Yuen et Yuen
Wah sont issus de la célèbre école.
C’est
également dans le courant des années 60 que Jackie Chan fait
ses premières apparitions au cinéma. D’abord en 1962 dans Big and Little Wong Tin Bar,
puis, deux ans plus tard, dans The Story of Qin Xianlian,
tout deux ayant pour actrice vedette Li
Lihua.
En
1971, à l'âge de dix-sept ans, Jackie Chan quitte l’Opéra
de Pékin pour tenter sa chance au cinéma.
De
l’ombre à la lumière (1971-1978)
Entre
1971 et 1974, Jackie Chan se voit proposer de nombreux petits
rôles anecdotiques, les réalisateurs faisant essentiellement
appel à ses talents de cascadeur. On peut ainsi l’apercevoir
dans des films tels que The Brutal Boxer de Kwan
Shan, Stranger in Hong Kong de Gwai
Chi Hung ou encore Fist of Unicorn de Tong Dik.
Il apparaît également quelques secondes dans deux films de
Bruce Lee, Fist Of Fury d’abord où Jackie se jette
sans la moindre protection à travers un mur (ce qui
impressionnera d’ailleurs beaucoup le petit dragon) et Enter the Dragon.
Pourtant,
dès 1971, Jackie Chan décroche déjà un premier rôle
important dans un film de Ngai Hoi Fung,
Master With Cracked Fingers. L’expérience est un
fiasco intégral, les producteurs étant consternés par ce qu’ils
découvrent à l’écran. Jackie est renvoyé séance tenante
et le film ne sera achevé qu’en 1974. De nombreuses
séquences seront d’ailleurs tournées avec un sosie et
rajoutées au montage final de manière à mettre sur le marché
un film exploitable.
En
1976, après une brève apparition dans Hand
of Death de John Woo, Jackie Chan s’installe quelques
mois en Australie, retrouvant par la même occasion ses parents
exilés. Il revient néanmoins rapidement à Hong Kong et signe
un contrat d’exclusivité avec la compagnie du réalisateur Lo
Wei. Celui-ci voit en l’acteur un successeur possible à
Bruce Lee, tragiquement disparu en 1973. Le réalisateur tente
immédiatement de façonner Jackie Chan à l’image du petit
dragon. Il lui demande de modifier son nom en Sing Lung (ce qui
signifie "celui qui est devenu le dragon") et, faisant
fi de toute originalité, le fait tourner dans le remake The New Fist of Fury.
Suivront plusieurs films guère enthousiasmants tels que The
Killer Meteors avec Jimmy
Wang Yu ainsi que To Kill with Intrigue, autre
adaptation du roman du Gu Long et réalisé la même année que
le Clans
of Intrigue de Chu
Yuan.
Jackie
Chan aurait pu rester l’un des innombrables clones de Bruce
Lee, mais c’était sans compte sur le flair du réalisateur
Ng See Yuen, propriétaire de la compagnie Seasonal Films
et découvreur de talent à ses heures puisqu’il aura la bonne
idée de réunir, en 1978, Jackie Chan et Yuen Woo-ping
sur Snake in Eagle’s Shadow (alias Le Chinois se
déchaîne). Considéré par beaucoup comme l’un
des films fondateurs de la Kung Fu Comedy – à tort d’ailleurs,
le genre ayant été initié par Liu
Chia-liang avec son mythique Spiritual Boxer
– ce film d’arts martiaux permet à Jackie de se libérer
enfin de l’héritage de Bruce Lee. Le ton est beaucoup
humoristique, à la limite du burlesque, les chorégraphies plus
inventives et Jackie commence à gratifier le public de ses
expressions faciales inimitables. Le succès est au rendez-vous
et le couple Jackie Chan – Yuen
Woo-ping récidive quelques mois plus tard avec
Drunken Master, autre grand succès au box-office
local. Désormais, la carrière de Jackie Chan est
véritablement lancée…mais le meilleur reste à venir !
SUITE
Stéphane
Jaunin , Août 2003
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