Histoire : Clans Of Intrigue, comme Magic Blade du même réalisateur, est un film d'arts martiaux tourné comme un western qui imiterait un film noir ! On y retrouve la figure du héros solitaire, incompris, mêlé malgré lui à une affaire qui le dépasse : le personnage du privé, cher à Dashiel Hamett et Raymond Chandler, ou celui du cavalier solitaire (Clint Eastwood chez Sergio Leone, Alan Ladd dans Shane). Accusé injustement d'un crime qu'il n'a pas commis (trame de tant de chefs-d'œuvre hitchcockiens), il devra retrouver les vrais assassins afin de prouver son innocence. La route sera semée d'embûches, toutes les personnes susceptibles de le mener à eux étant assassinées sous ses yeux, juste avant d'avoir livré leur secret...

Critique de David-Olivier (février 2003) : Chu Yuan adapte de nouveau un roman de Ku Lung, source de tant de films d'arts martiaux à Hong Kong, mais en simplifie l'intrigue afin de la rendre limpide. Aucun méandre scénaristique, donc, dans lequel nous pourrions nous perdre, mais un récit fort bien construit et rythmé, qui voit le héros errer à la recherche de la vérité. Le metteur en scène sait maintenir jusqu'au bout un climat de mystère, en jouant sur les apparitions de personnages aux motivations ambigues et en multipliant les scènes nocturnes (style poussé à son paroxysme dans le superbe Magic Blade). Chu Yuan est connu pour le soin tout particulier qu'il apporte à l'ambiance et aux décors de ses films. Force est de constater que Clans Of Intrigue ne faillit pas à la règle (même si certains pourront trouver le "palace" final un peu kitch...).

Les scènes de combat sont une nouvelle fois très bien chorégraphiées et Ti Lung, artiste martial émérite, donne la pleine mesure de son talent. Rajoutons que Yueh Hua, en moine bouddhiste, n'est certainement pas en reste !

Au final, même si Clans Of Intrigue est un ton en dessous de Magic Blade, ce film qui se classa dans le top cinq du box office hongkongais pour l'année 1977 est une excellente production Shaw Brothers. 

Critique de Philippe (février 2003) : Après avoir vu plusieurs films du maître, on commence à comprendre les enjeux de ses films qui pouvaient gêner de prime abord pour le spectateur non initié. Le style Chu Yuan est donc fait d’intrigues policières, de chevalerie et le tout baigne dans une ambiance très étrange où les indices distillés avec méthode, promène le spectateur pour mieux l’égarer. Les faux semblants sont une nouvelle fois l’apanage de ce Clans Of Intrigue qui se rapproche de The Magic Blade de par son ambiance résolument onirique. La touche Chu Yuan est fortement appuyée dans ce film sur fond d’enquête policière et de crimes suspects. Les personnages apparaissent et disparaissent en laissant toujours un indice, une raison de faire avancer l’intrigue de l’inspecteur Ti Lung, ce dernier étant encore une fois impeccable dans son rôle. 

La femme est une nouvelle fois très présente dans ce film, comme dans la plupart des films de Chu Yuan d’ailleurs. Mais à la différence d’un King Hu qui la cantonne souvent à des rôles de guerrières, quitte à lui faire perdre la moindre once de féminité au profit d’une androgynie avouée, ou d’un Chang Cheh qui la relègue de par sa légendaire misogynie à un rang très secondaire, Chu Yuan, lui, en fait un personnage essentiel dans toutes ses œuvres, à la fois très présente, participant beaucoup à l’histoire, guerrière, mais toujours féminine dans toute la splendeur du terme. D’ailleurs il n’est pas rare de voir une scène érotisante dans lequel les charmes secrets des personnages féminins sont dévoilés dans les œuvres du maître. 

Ce Clans Of Intrigue est une nouvelle fois un véritable film policier sur fond de chevalerie, se rapprochant fortement du western européen avec ses personnages solitaires et taciturnes, et un onirisme très approprié qui fait plonger le film dans une ambiance oppressante où tout semble pouvoir arriver. Les éléments de l’enquête sont distillés au compte-gouttes, et il faut attendre les derniers instants pour s’apercevoir que l’on a été berné pendant tout le film. Ce Chu Yuan là possède une touche Hitchcokienne dans sa manière de faire…