Né le 26 juillet 1957 à Hong
Kong au sein d’une famille nombreuse composée de sept frères et
sœurs, Hsia Ling-Jun, tout comme Jackie
Chan et Sammo Hung, reçoit ses
premiers coups à la China Drama Academy, une école de l’Opéra
de Pékin dont la troupe fut dirigée par le maître Yuen Chan-Yuan.
C’est d’ailleurs en hommage à ce dernier que Hsia Ling-Jun est
entretemps devenu Yuen Biao, patronyme qu’il partage désormais
avec d’autres anciens élèves du groupe comme Corey
Yuen Kwai, Yuen Wah, Yuen Tak et Yuen Mao. Yuen Biao n’a que
cinq ans lorsqu’il rejoint la désormais célèbre académie. A
l’instar de ses amis et partenaires, il doit subir les entraînements
intensifs prodigués par maître Yuen Chan Yuan. Ces dures années
de travail feront d’ailleurs l’objet d’un film réalisé en
1988 par Alex Law, Painted Faces. Dès la fin de sa
formation, Yuen Biao
rejoint l’équipe de cascadeurs créée sous l’égide de Sammo
Hung, la « Hung Kar Ban ». Ses talents seront alors mis à rude épreuve
dans toute une série de films tournés durant les années 70 parmi
lesquels on trouve notamment Fist of Fury, Enter the Dragon, The
Valiant Ones, The Magic Blade ou encore Game of Death où
il parvient à être engagé pour jouer la doublure de feu Bruce
Lee.
Sous l’aile protectrice de Sammo
Hung et de Yuen Woo
Ping, les rôles de Yuen Biao commencent à
s’étoffer progressivement (Knockabout, The Magnificent Butcher,
Dreadnaught. En 1982, Sammo Hung
lui offre ce qui reste certainement l’un de ses meilleurs rôles
au cinéma, celui du fils prodigue de Prodigal Son. Yuen Biao
y joue le personnage de Leung Chang, un artiste martial minable dont
le père paye ses opposants pour le laisser gagner. Découvrant la
supercherie, il persuade un maître en Wing Chun joué par Lam
Ching-ying de le prendre comme élève. Imparable et réellement
impressionnant (le film sera récompensé
pour ses chorégraphies), cette production Golden Harvest contant
les relations d’un maître avec son disciple permet à Yuen Biao
d’exploiter tout son potentiel d’artiste martial et d’acteur.
L’année suivante, il croise la route de celui qui est sur le
point de révolutionner le wu xia pian fantaisiste, le magicien Tsui
Hark. De cette collaboration (Yuen Biao a également participé
aux chorégraphies) naîtra le mythique Zu, les guerriers de la
montagne magique. Dans un rôle taillé sur mesure, Yuen Biao
donne au film une touche de comédie bienvenue et termine de
propulser celui-ci dans la légende du cinéma HK. Quelques années
plus tard, Tsui Hark lui
redonnera un rôle relativement semblable dans Once Upon a Time
In China. Entre 1983 et 1988, c’est la grande époque de la
kung fu comédie. Si Jackie Chan en
est le roi, Sammo Hung et Yuen Biao en
sont les princes. A eux trois, il vont truster les sommets du
box-office avec des films aussi indispensables que Winners and
Sinners, Project A, Wheels On Meals, My
Lucky Stars et Dragon Forever. A chaque fois, la recette
est la même et fait mouche à tous les coups. Beaucoup de comédies et de quiproquos, quelques petits combats bien
sentis pour faire patienter, une idée folle ici et là et, au
final, une gigantesque foire d’empoigne (le plus souvent dans un
hangar perdu) où chaque protagoniste peut donner libre cours à son
imagination destructive. Bref, le pied ultime !
En dépit de
ces grands succès, Yuen Biao demeure indiscutablement
en retrait par rapport à ses aînés Jackie
Chan et Sammo Hung. Désireux
de passer à la vitesse supérieure, il tente dès 1986 d’entamer
une carrière solo et de créer sa propre image. Cette période
donnera naissance à certains des films les plus intéressants
de sa filmographie. Dans Righting Wrongs (1986)
de Corey Yuen,
il donne la réplique (et quelques coups de pieds aussi)
à la « furie blonde » Cynthia
Rothrock. Polar/Kung Fu nihiliste à la construction
scénaristique étonnante, Righting Wrongs est une
réussite presque totale. Dopé par ce petit succès au box-office,
Yuen Biao tente de récidiver deux ans plus tard avec On
the Run de Alfred Cheung. Malheureusement, malgré
ses qualités, le film manque sa cible.
L’année
d’après, Yuen Biao croise la route de l’allumé génial
le plus fou du cinéma de Hong Kong, le cultissime Nam
Nai Choi. Leur rencontre donnera naissance à deux longs
métrages génialement bricolés tirés d’un manga japonais,
Peacock King et sa suite Saga of the Phoenix.
Là encore, le succès n’est pas au rendez-vous, sauf au
Japon où Yuen Biao est une star adulée au même titre que
Jackie Chan. En 1992, Yuen
Biao s’essaie de manière peu convaincante à la réalisation
avec A Kid From Tibet, une histoire « à la Crocodile
Dundee » qui voit un moine Shaolin quitter son temple
et partir à la découverte de Hong Kong. Les années 90
sont peu fertiles en bons films, Yuen Biao se contentant
d’enchaîner quelques petites budgets sans grand intérêt.
Néanmoins, il parvient toujours ici et là à décrocher
des rôles secondaires dans des productions d’envergure
telles que Hero, A Man Called Hero et le
totalement barré et génial Avenging Fist (aie,
aie…non, pas taper !).
En
dehors de ces activités, il a également fondé une petite
maison de production, la « Yuen Biao Films Co Ltd » et
a monté sa propre société de cascadeurs : la "Yuen
Biao's Stuntmen Association" (ou Yuen Ga Ban). Ainsi,
tout comme ses ainés (Jackie
Chan et Sammo Hung),
Yuen Biao a tenté de monter sa propre équipe de casse-cou
émérites, mais hélas, la concurrence fut rude et seulement
3 films ont été chorégraphiés selon la HKMDB. Dommage
! Attention à ne pas confondre avec la "Yuen Ga Ban"
plus connue sous le nom de "Yuen Clan" de la
famille Yuen (Simon, Woo-ping
et les autres).
A part cela, Yuen Biao coulerait désormais
des jours heureux au Canada, non sans oublier le continent asiatique
avec lequel il continue d’entretenir d’excellentes relations
puisqu’il vient de jouer dans No Problem 2, une
coproduction Hong Kong/Japon.
Stéphane Jaunin et Jean-Louis Ogé
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