Une filmo bien remplie
La filmographie de la douce
Sharla Cheung Man fait partie des plus importantes du
cinéma HK (plus de 50 films en 10 ans : compte tenu de
son jeune âge, c'est pas mal !). Son joli minois attire
les réalisateurs qui n'hésitent pas à l'embaucher et le
public est sous le charme (qui ne le serait pas ?). Comme
sa beauté irradie dans chacun des films où elle joue,
on peut la voir dans presque tous les gros coups du début
des années 90's. Heureusement, Cheung Man ne restera pas
cantonner dans ces petits rôles que l'on réserve aux lolitas
écervelées et petit à petit, à force de persévérance,
elle creusera son trou dans ce monde impitoyable. En plus
d'être très belle, ce jeune mannequin sait jouer la comédie.
On peut ainsi la découvrir aussi bien en guerrière virevoltante
de wu xia pian qu'en femme fatale contemporaine ou bien
même en greluche potiche faire-valoir de la star masculine.
D'ailleurs, si on peut la voir autant, c'est qu'elle a
été la fiancée attitrée à l'écran de
Stephen Chow Sing Chi dans la plupart de ses films
(j'en ai compté au moins 10) et d'Andy
Lau (dans une moindre mesure). Un peu comme Claude
Gensac et Louis de Funès (oh, ma biche !), quand un couple
marche dans une série de films, on est toujours tenté
de les remettre dans une autre. C'est donc avec logique
que leurs deux filmos se croisent. Bon, assez parlé, voici
le parcours de la magnifique Sharla Cheung Man :
Les débuts de
la Belle
Sharla Cheung Man (son prénom
occidental est rarement utilisé) est née en République
Populaire de Chine. Révélée comme beaucoup d'autres beautés
féminines par l'inénarrable ...
Wong Jing ; celui-ci la fera tourner dans au moins
20 de ses productions (il sera donc dans tous mes dossiers,
ce zigoto là !). D'abord dans le kitsch Magic Crystal,
mais c'est surtout dans Les Dieux du Jeux -
God of Gamblers où elle incarnera la femme de Chow
Yun Fat (qui devra subir d'incroyables souffrances
dans sa (véritable) séquelle Les Arnaqueurs de HK
- God of Gamblers Return). Bizarrement, on la retrouve
dans les deux versions parallèles : God of Gamblers
2 avec Andy Lau et
Stephen Chow Sing Chi, et All for the Winner
avec toujours Chow Sing Chi
pour partenaire. Il est à noter que Cheung Man (et
Andy Lau) sont absents dans Gods of Gamblers 3
"Back to Shanghai" et sera remplacée par
la froide Gong Li.
La princesse
du wu xia pian
Sa frêle silhouette longiligne
et son teint blafard va à partir de ce moment là se retrouver
dans presque tous les wu xia pian qui ont fait légion
entre 1992 et 1994, quand Lin Ching Hsia ne pouvait pas
assurer le rôle de l'invincible guerrière qu'on lui demandait
de jouer. Sharla Cheung Man est ainsi une invincible combattante
(même si elle ne connaît pas les arts martiaux) sachant
faire virevolter ses multiples armes (comme dans Claws
of Steel - Last Hero in China au côté de Jet Li),
utilisant ses charmes à la manière de Joey
Wong dans un épisode des Histoires de Fantômes
Chinois. Cheung Man sait aussi devenir un être vil
et diabolique comme dans Holy Weapon - Seven Maidens
où elle incarne une femme araignée, dans Evil Cult
- Kung Fu Cult Master, ce n'est pas mieux car elle
ne fait qu'empoisonner la vie de
Jet Li. Son cas ne s'arrange pas dans Royal Tramp
où elle incarne le double rôle de l'impératrice et
de l'espionne machiavélique qui a pris possession du trône
à sa place. Il est à souligner que dans la suite, pour
pouvoir mieux tromper le valeureux Chow
Sing Chi, Cheung Man se métamorphosera en Lin Ching
Hsia (!). Les deux actrices ne se retrouveront finalement
qu'en 1994 dans le "flying" Demi Gods and
Semi Devils - Dragon Chronicles.
Dans le même esprit, on peut la retrouver en ce moment dans les
moyens Succession par l'Epée - Handsome Siblings et Le
Poison et l'Epée - Sword of Many Loves (tous deux édités par
HK Vidéo). Cheung Man est encore présente dans les wu xia pian
suivants : Flying Daggers (assez délirant, à la manière de
Eagle Shooting Heroes), Sword stained with Royal Blood
(assez surprenant dans la surrenchère à la Ching Siu
Tung), A
Chinese Legend, Legend of the Liquid Sword de Wong Jing
(tout est dit quand on connaît l'auteur, qui a été mieux inspiré
dans les deux Royal Tramp avec le fantasque Stephen Chow).
Finalement, son meilleur wu xia pian (et son meilleur film) restera
sans nul doute son premier : Swordsman. Il est d'ailleurs
bien dommage qu'elle n'apparaisse pas dans les deux derniers opus !
L'oubliée des
grands réalisateurs
Si l'on fait un bilan de la carrière de
Cheung Man, on peut dire sans aucun doute qu'elle est bien remplie.
Enchainant des rôles assez différents de jeunes femmes modernes (It's
Now or Never), de belles cruches top models (Magic Crystal),
de guerrière déchaînée (Flying Daggers), de flingueuses
(Cheetah on Fire),de dames de petite vertu (Bet on Fire),de
diablesses mangeuses d'hommes (Holy Weapon), de super-héroïnes
(Deadly Dream Woman), de jolies spectres (A Chinese Legend),d'éternelle
fiancée (dans tous ses films avec le comique n°1 Stephen Chow), de mère trucidée (L'Arnaqueur de Hong Kong)...etc.
En 1993 (son année
phare), elle réussit à être la 12° actrice la mieux payée à HK.
Tout ceci pourrait paraître idyllique, mais il y a une ombre au
tableau, un bémol que la belle n'arrivera jamais à retirer de sa
filmographie : Sharla Cheung Man n'a jamais joué dans la cour des
"grands". Son jeu de comédienne est-il à remettre en
question ? Peut-être. Ni Wong Kar
Wai, ni Ann Hui, ni
Stanley Kwan, ni même Tsui Hark (sauf dans le protéiforme Swordsman)
n'a embauché la belle. Coup du sort, manque
de bol, la jolie môme ne désespère pas. Un jour ou l'autre, elle
sera de nouveau sur les devants de la scène. A moins que les effets
du temps ait fané la belle fleur qu'on aimait tant...