Une famille élevée à
la dure
Père de 12 enfants, Simon YUEN Siu-tin baigne sa famille dans
le cinéma. Aussi bien les filles que les fils, tous travaillent dans l'industrie
cinématographique hongkongaise. Auparavant, ses enfants ont suivi les cours d'une école
d'Opéra de Pékin et tout comme Jackie
Chan, Sammo Hung, Yuen
Biao, Corey Yuen Kwai ou
Yuen Wah, ils vont connaître les rudes enseignements du kung-fu. Leur professeur n'étant
rien moins que leur père (Simon Yuen est le maître ivrogne de Jackie Chan dans Drunken
Master), les enfants Yuen vont être soumis à une éducation encore plus stricte et
plus approfondie. Grand maître en arts martiaux, Yuen Siu-tin va faire de chacun de ses
enfants des experts en arts martiaux et de la même façon que la famille Leung (ou Liu),
les Yuen vont marquer de leur empreinte le meilleur du ciné kung-fu des années 80-90...
et l'histoire n'est pas finie.
Le plus connu
d'entre-eux
YUEN Woo-ping fait maintenant l'objet de
toutes les convoitises depuis que les frères Waschowsky l'ont débauché pour
chorégraphier les scènes de combats du désormais mythique Matrix. Cet
acteur-cascadeur-chorégraphe-réalisateur est l'une des légendes vivantes du cinéma HK.
Mais Woo-ping n'est pas le seul Yuen de sa famille à avoir dans l'industrie
cinématographique. En effet, son père et ses frères se sont maintes fois illustrés, à
des niveaux divers, dans le cinéma HK. D'ailleurs, quand on fait appel à l'équipe de
Yuen Woo-ping pour s'occuper des combats dans un film, on embauche généralement les
frères avec, car c'est en famille que les Yuen donnent le meilleur d'eux-mêmes. Voici
donc un petit portrait de chacun d'entre-eux :
Simon YUEN
Siu-tin, le patriarche ivrogne (1911-1980)
Comme nous l'avons vu plus haut, on connaît
surtout Simon Yuen comme étant le maître ivrogne qui va enseigner à son neveu Wong
Fei-hong (Jackie Chan) la technique de combat de l'homme ivre. Véritable expert en arts
martiaux, Simon Yuen a joué dans moult films HK dont les vieux Wong Fei-hong en noir et
blanc avec Kwan Tak-hing dans lesquels il jouait le méchant aux côtés de Shek Kien et
dans lesquels il réglait les chorégraphies des autres acteurs, mais Simon Yuen a surtout
élevé ses enfants dans les rudesses d'un enseignement martial de premier ordre. Il est
à noter qu'il joua dans Les 55 Jours de Pékin aux côtés de Charlton Heston et
Ava Gardner et qu'il devait interpréter le rôle du mendiant So dans Le Héros
Magnifique (The Magnificent Butcher), mais sa mort subite le priva de cette
dernière interprétation et il fut remplacé par Fan Mei-sheng. Quand on regarde
maintenant le succès que rencontre son fils le plus illustre (Woo-ping) dans le monde
entier, je crois qu'il peut être fier de là ou il est.
YUEN
Woo-ping, le
fils prodigue
Né à Canton en 1945 dans une famille de 12 enfants, Woo-ping dit "Gros Yeux"
est initié au Kung fu et après avoir suivi les cours de l'Opéra de Pékin sous la
direction de son père, Yuen Siu Tin (également professeur de Jackie
Chan), il participe
également (en tant que cascadeur) à la légendaire série TV Wong Fei-hung jouait
par Kwan Tak-hing et travaille comme cascadeur chez les frères Shaw (surtout pour les
films de Chang
Cheh) - avant de devenir l'un des coordinateurs de combats les plus prisés
de Hong Kong. En 1981, il monte sa propre société de production : la Peace Film
Production Company. Après avoir été directeur des combats dans moult films, il était
normal qu'il réalise ses propres oeuvres. Enfin, il a fondé sa propre maison de production en 1979.
Il a dirigé les plus grands (Jackie
Chan, Jet Li, Donnie Yen dont il fut le mentor), il
est à l'origine de plusieurs petits chefs d'oeuvre comme Iron Monkey et Tai Chi
Master, il sait aussi bien réalisé des films en costumes que des polars
survitaminés comme Le Sens du devoir IV ou Tiger Cage II (selon le goût du
public). Mais il est faillible car il est aussi capable du pire : Iron Monkey II.
Mais il est finalement revenu sur le devant de la scène en étant à sa meilleure place :
celle de directeur des combats d'un film d'un autre. Le meilleur exemple est bien
évidemment Tigre & Dragon, réalisé par Ang Lee où Woo-ping était celui qui
était chargé de mettre les chorégraphies imaginées par le metteur en scène. Le
dernier exemple que je citerai est Il était un Fois en Chine où il nous livre ce
qu'il a fait de mieux dans sa carrière : avec Tsui Hark, ils ont formé une équipe du
tonnerre, preuve une fois de plus que Woo-ping se surpasse que quand il seconde un film.On
peut enfin ajouter que Woo-ping est également acteur puisqu'on peut le voir en soldat
mourant dans Eastern Condors, dans Wicked City et King of Beggars.
YUEN Hsin-yee /
YUEN Shun-yee / Sunny Yuen / Armstrong Yuen *
Sunny Yuen Hsin-yee s'est fait un prénom dernièrement en
remplaçant son grand frère bien occupé maintenant avec cette mode (qui durera je
l'epère) de prendre un spécialiste des chorégraphies HK pour faire un bon film qui ne
fait pas dépassé par des combats bien longtemps mis au second plan dans les films
hollywoodiens. En effet, c'est Hsin-yee qui s'est retrouvé chargé des combats qui se
voulaient spectaculaires des Charlie's Angels. Bon, le résultat est comme le film
: un peu bancal, mais c'est bien dans le ton parodique de l'oeuvre. Pour en revenir à
Yuen Hsin-yee, il a été abonné aux seconds rôles. En effet, son air renfrogné ne
pouvait que le prédestiné aux rôles de méchants. Même si on a essayé de le propulser
en tant que clone de Jackie Chan dans Dance of the Drunk Mantis, il est vite revenu
dans ses personnages de vilains, notamment dans Dreadnaught et Drunken Tai Chi. Plus
récemment, c'est encore lui qui incarne le débonnaire Maître Fox dans le spectaculaire Iron
Monkey (face à Donnie Yen et Yu Rong Guang) et c'est à lui que l'on doit quelques
séquences fantastiques de Il était une fois en Chine 2 - La Secte du Lotus Blanc.
YUEN Cheung-yan /
Chung-yan / Chang-ren *
Frère de Woo-ping, Chung-yan a surtout été vu au cinéma en tant que prêtre ou maître
de kung-fu plus ou moins dérangé. C'est ainsi qu'on peut l'apercevoir dans Drunken
Tai Chi, Miracle Fighters ou Tai Chi Master (c'est lui qui joue l'incroyable
eunuque). Réalisateur peu reconnu, on lui doit les oubliés Bloody Ghost, Ghost Manson
et Wizard's Curse. En France, on le connaît surtout pour avoir interprété le
rôle de Maître Yen qui combat Wong Fei-hong dans Il était une Fois en Chine. Il
apparaît également furtivement dans les films de son frère : Tai Chi Master, Wing
Chun et Fist of Legend.
YUEN
Yat-chor / Simon
Yuen Jr
Après plusieurs échecs suite à des tentatives infructueuses
de le lancer comme étant un concurrent sérieux face au roi Jackie Chan, mais tout comme
son frère Hsin-yee, Yat Chor devra se contenter de petits seconds rôles. En 1983, il
incarne un méchant pickpocket dans The Postman Strikes Back (avec Chow Yun-fat
dans l'un de ses seuls film de kung-fu). Il est un gangster éperdument amoureux dans
Long Arm of the Law 2. Mais celui qui reste le plus connu est celui du témoin d'un
meurtre dans Le Sens du Devoir 4. Après ce film, je n'ai plus de nouvelles de lui
et je pense qu'il a raccroché.
Brandy YUEN
Chun-yeung / Chun-wei *
Né à Hong Kong en 1952, il est peut-être le frère de Woo-ping ayant le plus réussi,
Brandy Yuen peut se targuer de s'être essayé à la réalisation. Avant d'arriver à
cette consécration, Brandy est apparu en tant qu'acteur dans des petits films comme Crystal
Fist et Buddhist Fist. En France, on peut le voir dans Miracke Fighters
et s'apercevoir de son travail de chorégraphe dans Le Sens du Devoir 3 qu'il a
co-réalisé avec Arthur Wong en 1988. Bien auparavant, il a également mis en
scène Champions (film où Yuen Biao est un as du football), Shaolin Invincibles
et Taoism Drunkard. En 1982, il joue son premier premier rôle dans Duel of the
Masters. A la fin des années 80, il assiste Sammo Hung dans son fantastique Pedicab
Driver et d'autres films comme Slickers VS Killers. Doué, il fonde sa propre
société de production : la Brandy Film Production Co. En 1993, il signe Sword stained
with Royal Blood, un wu xia pian épileptique. Sa dernière oeuvre lui a été fatale
puisqu'après son mystique Master of Zen sur la vie de Bodidharma, il serait devenu
lui aussi moine bouddhiste à ce qu'il paraît. Nul n'est parfait !
* j'ai mis les deux orthographes connues des prénoms pour
que vous puissiez ne pas faire de confusions ou d'oublis.
Comme nous l'avons plus haut, la mode
est aux chorégraphes de Hong Kong et vu le nombre assez important de films américains
d'action encore à produire, les frères Yuen n'ont pas à avoir peur du chômage. On va
sûrement encore entendre parler d'eux à la prochaine sortie des Matrix 2
et 3 dans les prochaines années, c'est tout le mal qu'on peut leur
souhaiter !!!