Depuis Sex and Zen,
où il a fait une apparition très flatteuse en tant que teinturier
spécialiste de la chose, on a pu remarquer un membre éminent du 5°
art hong-kongais dans moult films catégories III (Master Cyco ne me
contredira pas), il s’agit du remarquable Tsui Kam Kong.
Bien évidemment, sa
carrière ne se résume pas à ses formidables coups de reins ;
d’ailleurs, j’ai eu l’idée de faire ce petit portrait qu’en
ayant vu ses films d’actions en dehors du lit (à l’exception de
Sex and Zen).
Elvis Tsui
Kam Kong , Elvis Kong, Elvis Tsui Kam Kong ou bien encore
Xu Jin Jiang (comme tu veux) fait partie de ces acteurs de second
plan qui ont une certaine présence à l’écran. On les connaît
toujours, mais pas moyen de mettre un nom sur leur visage. Ici, même
si la plupart de ses rôles sont assez brutaux, Tsui possède ce
petit plus qui le fait remarquer des autres. Je vais donc essayer
ici de vous faire découvrir les multiples facettes de cet acteur
qui gagne à être plus connu.
Elvis Tsui Kam Kong
: oh le méchant personnage !
Un peu comme l'imposante sale tronche de Shing Fui-on,
Elvis Tsui est souvent abonné aux rôles de méchant : c'est
quand même lui qui fera mourir les amants de The
Lovers (il joue le père de Charlie
Yeung) ! Dans Prison on Fire II, il
incarne le chef sadique de la prison qui fera en voir
de toutes les couleurs à Chow
Yun-fat et aux autres prisonniers. Dans Projet
A Force 10, il est un des trois hommes de main
du méchant qui reçoit du piment craché par Jackie
Chan.
Dans
Black Vengeance (produit par Johnny Mak)
il joue Andy, le garde du corps aux cheveux longs (ce
qui est très rare pour Elvis
Tsui qui apparaît presque à chaque fois chauve, cf la
photo ci-contre), celui-ci trahit son maître pour rejoindre
l'ignoble Harry (le frère ennemi de Chow
Yun-fat). Les limites de l'horreur seront atteintes
avec le célèbre Seventh Curse où il est
un abominable sorcier au visage blanc adepte du vampirisme,
de l'anthropophagie, de la magie noire, et du satanisme.
Film très gore, il fait partie de ces OVNI
qu'il faut à tout prix avoir vu au moins une fois dans
sa vie.
Parfois, son caractère agressif peut s'émousser : l'homme de main
(celui qui deviendra boiteux) du Parrain de Hong Kong
(To Be Number One) finira par changer de camp et donnera
jusqu'à sa vie pour sauver celui qui autrefois avait su l'épargner.
Tsui
Kam Kong : l'uniforme lui va plutôt bien
Quelquefois truand, notre bon vieux Elvis Tsui sait aussi
être de l'autre côté de la barrière. Dans l'Arnaqueur
de Hong Kong (God of Gamblers Return),
il joue le rôle de l'officier de police de Chine Populaire
traquant puis aidant ce bon vieux Chow
Yun Fat (dans cette seconde partie du film, son personnage
deviendra alors aussi frappadingue que son auteur Wong
Jing...). Dans Wonder Seven, c'est lui
qui tient le rôle de l'officier instructeur chauve, chef
du groupe spécial : avec son long imper et ses allures
charismatiques, qu'est ce qu'il en jette !!! Les personnages
d'officier, il les connait donc par coeur : c'est lui
aussi qui incarne le général des Forces frontalières dans
L'Auberge du Dragon. C'est toujours et encore
lui qui joue le commissaire pète-sec supérieur hiérarchique
de Tony Leung Kar-fai qui sera chargé de nettoyer Shanghai
de sa corruption dans Gunmen (cf le dossier
sur les Trésors perdus de HK dans le HKC). A chaque fois,
son aspect rude et intransigeant force le respect envers
ses subalternes. D'ailleurs, même s'il n'est pas trop
vieux, il a toujours joué des rôles de personnes d'âge
mûr, voire des vieillards indestructibles dans pas mal
de wu xia pian.
Sa
période en costumes
Même s'il a commencé sa carrière dans des rôles contemporains,
Elvis Tsui révélera son réel potentiel d'acteur à partir
des années 92-94 : l'apogée des wu xia pian modernes.
A partir de là, les personnages de combattants fantastiques
s'enchaînent. Le producteur Johnny Mak le réembauche dans
le film de son frère Sword of many Loves où
il campe un vieux sabreur Feng (à la barbe proéminente)
aux désirs du pouvoir exacerbés. Les combats à l'épée
sont rondement menés, les filles sont jolies (Michelle
Reis et Cheung Man dans
le même film : le rêve !).
Dans Royal Tramp (cf le dossier sur Stephen Chow dans le HKC), il reprend quasiment le même genre de personnage
barbu et invincible : O' Brian (!), traduction irlandaise (!!) de Ao
Bai, un général complotant dans le dos de l'empereur. Les combats
sont de Ching Siu Tung
qui auto-parodie sa célèbrissime saga Swordsman (l'une des
références ultime dans le style film de sabres déjanté). Ca se
bat à coups de cymbales tranchantes, à coup de troncs d'arbre, les
ongles sont aussi tranchants que des lames de rasoir ... la routine
quoi !
Finalement, de petits seconds rôles en petits seconds rôles, on
remarque de plus en plus l'imposante prestance de TKK et ce dernier
va bientôt connaître son heure de gloire...
Le
point culminant de sa carrière
L’Académie de HK l’a d’ailleurs démontré puisqu’elle le
nomina en 1993 dans la catégorie « meilleur second rôle » pour
le film All Men are Brothers. Bon, hélas, il n’a
pas eu cette récompense (pourtant méritée) (Elvis ne sera pas le
King). En revanche, il crève l’écran à chaque fois qu’il y
apparaît. En France, on le connaîtra donc surtout pour sa célèbre
prestation dans Sex and Zen de Michael Mak. Ce dernier
fut en vérité son mentor : c’est lui qui le fit exploser dans sa
tétralogie Long Arm of the Law et dans bien
d’autres de ses films (voir la filmo). D'ailleurs, dans une
interview donnée à Clyde Gentry III (dans le fanzine US Hong
Kong Film Connection Vol. III Issue II), il dit qu’il le
considère comme son metteur en scène préféré (on ne le saurait
à moins !)
Bien évidemment,
tous ces rôles sont très secondaires : quand un réalisateur a
besoin d'une brute épaisse, d'un personnage sombre, d'un meneur
d'hommes bourru, il pense souvent à lui. De ce fait, sa
filmographie se constitue presque intégralement de films d'action.
A le voir, on pourrait penser que c'est un expert en kung fu, mais
il s'en défend : il s'entraîne légèrement durant la préparation
du film, le reste, c'est à la magie du cinéma HK, aux techniciens,
au directeur des combats et au montage que l'on doit sa magnifique
prestance dans les scènes d'action (c'est d'ailleurs vrai pour pas
mal d'autres acteurs et actrices). Tous ces films, il ne les renie
pas, pourtant son souhait le plus fort serait de travailler avec des
metteurs en scène comme Lawrence Ah Mon et Ann Hui. Mais bon, pour
l'instant, c'est dans les films à costumes et dans les gros trucs
bourrins qu'il excelle le plus. Et
maintenant, j'espère que la prochaine fois que vous le verrez, vous
saurez mettre un nom sur ce visage si particulier (c'est Elvis Tsui
qu'il s'appelle).
Jean-Louis (août
99) |