Herman
Yau est devenu grâce à quelques films cultes, je pense à The
Untold « Bunman » Story et Ebola
Syndrome en particulier, le roi de la catégorie 3 craspec. Mais
il a également signé des films plus intimistes comme No More Love, No More Death, Don’t Fool Me avec Andy
Lau et Tony Leung Chiu-Wai
et dernièrement l’excellent From
The Queen To The Chief Executive.
LES
DEBUTS
Né en
1961 à Hong Kong, il a fait ses premières armes à la télévision, il
a commencé comme chef opérateur attitré du réalisateur Taylor Wong,
avant cela il aura réalisé un drame et signé la musique d’un film
d’auteur et produit plusieurs chanteurs comme Jacky Cheung et Andy
Hui ! En 1991, il réalise une comédie avec Andy
Lau et Tony Leung Chiu-Wai,
Don’t Fool Me, produite par
Taylor Wong. L‘année suivante il enchaîne sur Best Of The Best, un excellent film d’action avec Jacky Cheung et
Ng Man Tat, un film qui signe d’ailleurs les débuts de la
chanteuse-actrice Sammi Cheng.
L’année
suivante il signe ce qui reste certainement l’un des sommets du cinéma
d’horreur craspec HK, en l’occurrence The
Untold Story, montrant un Anthony
Wong tueur d’enfants et cuisinier anthropophage à ses heures
creuses. Une véritable ignominie qui montre le pire avec un ton plutôt
léger, une morale à deux balles et malgré tout une incroyable maîtrise
de la mise en scène. Oui il est bon d’insister sur cette maîtrise
absolue de la mise en scène, car au-delà de ses aspects très douteux,
ce film possède une réalisation très soignée et un sens du découpage
ahurissant. La formation de chef opérateur, l’aidant sûrement,
Herman Yau a toujours été reconnu pour sa maestria en la matière…
UN
VERITABLE TOUCHE A TOUT
En plus
d’être réalisateur, chef op’ et musicien, il est également capable de
jouer la comédie, il effectuera un caméo en 1993 dans l’excellente comédie
dramatique de Derek Yee C’est
La Vie Mon Chéri, en musicien ami de Lau
Ching-wan. La même année il écrit et met en scène un Taxi
Hunter mémorable dans lequel Anthony
Wong se met en tête de massacrer un maximum de méchants chauffeurs
de taxi, car l’un de ces derniers est responsable de la mort de son
épouse enceinte ! Une nouvelle fois, la sacro-sainte morale
est mise à mal dans ce film qui une nouvelle fois montre des qualités
de mise en scène indéniable malgré son côté très « second degré »,
ou plutôt à prendre au second degré… L’année suivante sera plus « calme »
avec la réalisation de trois films plus tranquilles, dont un délirant
Don’t Shoot Me, I’m Just A Violonist
avec Lau Ching-wan.
L’année 1995 sera surtout marquée par son apparition dans le premier
film de son ami et acteur fétiche Anthony
Wong derrière la caméra (il en a réalisé deux), New
Tenant.
LE
FILM PAR LEQUEL EST ARRIVE LE SCANDALE
L’année
suivante sera la grande année Herman Yau, car il réalisera LE film qui
l’a fait connaître au-delà des frontières du cinéma hongkongais,
il s’agit du mémorable Ebola Syndrome, que certains fans considèrent comme le chef d’œuvre
de la catégorie 3 dérangée du ciboulot, un sommet d’immondices,
dans lequel l’immense Anthony
Wong commet des actes de nécrophilie et de masturbation « viandale »
complètement inouïs ! A la vue de cette horreur complètement
hallucinante on est en droit de se poser des questions sur l’état
mental de la personne qui a réalisé ça… certains crient au scandale
en argumentant sur la gratuité et le dépassement complet de toutes règles
morales, d’autres préfèrent croire que l’ambiance sur le plateau
devait être particulièrement décontractée et que l’on a bien dû
rire, car tout cela est tout sauf sérieux… En tout cas, s’il est
une chose qui est indéniable c’est que ce film a dépassé le simple
statut d’œuvre malsaine et totalement immorale pour devenir tout
simplement culte.
LA
SERIE DES TROUBLESOME NIGHT
L’année
suivante, il lance la looooongue série des Troublesome
Night (lire le dossier
de Sébastien sur le HKCINEMAGIC), un joyeux mélange de films de fantômes,
de comédies et de romance avec l’excellent et trop souvent ignoré
Simon Loui et l’impeccable Louis Koo. Il produit
ensuite le film de Francis Ng, 9413 avant d’enchaîner sur un Untold
Story 3 et une sympathique romance à l’eau de rose avec Andy
Lau et la japonaise Ishida Hikari, Fascination
Amour.
HERMAN
ET TSUI
Nous
sommes en 2000, lorsque Tsui
Hark fait savoir qu’il est en colère (a-t’il déjà était
calme ?), il réalise le fulgurant Time
And Tide, le film de fou avec son titre mixant les notions de
temps et d’artifices, et il pense à Herman Yau pour devenir le chef
opérateur de l’œuvre, ce qui est disons le pour ce genre de projet,
tout à fait honorable. L’aventure continue pour les deux hommes et
l’on apprend rapidement avec une immense surprise que non seulement Tsui
Hark va produire un film destiné au jeune public reprenant le
concept utilisé par l’américain Robert Zemeckis avec Roger Rabbit, mais que, fait incroyable et inconcevable
jusqu’alors, il va en confier la réalisation à Herman Yau le réalisateur
du déjanté Ebola Syndrome ! ! !
Le petit monde de la cinéphilie se demande s’il ne rêve pas, comme
si Disney filait son nouveau projet à un William Lustig ou à un Peter
Jackson « période rouge…sang »… un truc de fou quoi. Et
bien, le doigt dans l’oeilisme (sic ! ! !) est profondément
mis, car l’homme réussit un véritable miracle, son film est complètement
visible de 2 à 90 ans et possède plein de qualités. Herman Yau
n’est donc pas un taré dégénéré…!?
UN
VERITABLE AUTEUR
La même
année, il réalise l’excellent From
The Queen To The Chief Executive, un film militantiste, parlant du
combat d’une poignée de personnes pour tenter de sauver de la peine
capitale plusieurs condamnés après la rétrocession
de Hong Kong à la Chine. Film de dénonciation dans lequel le réalisateur
fait montre d’une véritable humanité. Une nouvelle fois la mise en
scène est terrassante, pour un film vérité avec un sujet profond,
cela est la moindre des choses. Désormais les producteurs et les scénaristes
savent qu’ils peuvent confier leurs œuvres à Herman Yau, un nom qui
n’a plus la même consonance…
ET
MAINTENANT…
La mode
des films de fantômes ayant été remise au goût du jour par les Ring
et consorts, notre homme n’est pas en reste en signant tout
d’abord un film de commande pas très intéressant Nightmare
On Precint 7 sur un scénario de Simon Loui et Killing End écrit par
lui-même avec Andy Hui.
Pour l’année
2002, il a écrit et réalisé une comédie romantique avec le "marrant"
Nick Cheung et la ravissante Candy Lo,
Happy Family, ainsi qu’un Shark
Busters produit par Danny
« supercop » Lee avec lui-même dans le rôle principal,
ainsi que Ken Lo, Fung
Hak-On, Lam
Suet et un « gweilo » nommé Brian Ireland. Vivement la
suite…
Philippe
QUEVILLART, Février
2003
A
LIRE
interview de Herman Yau
par le HKC
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