Né le 16 février 1964, à Guangdong,
Lau Ching-wan (quelques fois crédité sous le nom de Sean Lau) est
aujourd’hui l’un des acteurs les plus passionnants et les plus
populaires du cinéma de Hong Kong. Riche d’une filmographie
exceptionnelle quant à sa qualité, son parcours de comédien fut néanmoins
très long à se dessiner, souvent difficile et il fallut de nombreuses
années avant qu’il ne parvienne à s’imposer comme l’une des
personnalités essentielles de la cinématographie HK.
Comme beaucoup d’acteurs et actrices
avant lui, Lau Ching-wan, alors âgé de 17 ans, s’inscrit aux
cours d’arts dramatiques de la TVB, non sans avoir subi une
certaine pression de la part de son paternel. C’est au sein
de cette véritable institution qu’il développe ses capacités
de comédien, jouant dans de nombreuses séries télévisuelles.
Si son talent et son éthique professionnelle impressionnent
tant les réalisateurs que les producteurs, il peine néanmoins
à s’imposer auprès d’un public local qui ne se reconnaît pas
en lui. En effet, son physique relativement
éloigné de ceux des habituelles idoles locales, son style
bourru, ainsi que son teint légèrement sombre l’empêchent
véritablement d’accéder à une popularité digne de son talent,
contrairement à Chow Yun-fat
qui explosera à la même époque au niveau télévisuelle.
En dehors de quelques apparitions cinématographiques
dès 1986 dans des films de secondes zones, Lau Ching-wan enchaîne les
séries pendant une dizaine d’années sans rencontrer le moindre succès
ou très peu (Police Cadet et The Great Man) . Désireux
d’obtenir quelques premiers rôles importants, il quitte alors Hong
Kong et se rend à Taïwan où il continue de tourner inlassablement,
malheureusement sans résultat probant. Alors sur le point d’arrêter
sa carrière, Lau Ching-wang se voit rappeler à Hong Kong par Derek Yee
qui est sur le point de mettre en scène une romance sentimentale avec
Anita Yuen. Et là, le miracle s’opère. C’est la vie mon chérie
(1993) est un énorme succès populaire et critique et vaut à Lau Ching-wan
une reconnaissance symbolisée par de nombreuses nominations pour le
meilleur acteur de l’année. Son couple formé à l’écran avec
Anita Yuen est si réussi que les deux complices se retrouveront à de
nombreuses reprises dans diverses comédies telles It’s a Wondeful
Life, I’ve Got You Babe, Tears and Triumph, Tricky Business, Golden
Girls et Tri-Star de Tsui
Hark. Avec le recul, il est amusant de constater que loin de ses rôles
de flic bourru, c’est avec la comédie sentimentale, voire mélodramatique,
que cet acteur époustouflant à réussi à s’installer dans la célébrité.
Entre
1993 et 1995, Lau Ching-wan profite de son nouveau statut
de star et tourne dans une trentaine de films, le plus souvent
des comédies et des drames. Dès l’année 1996, sa carrière
prend un tournant décisif et finalement assez inattendue lorsque
l’on examine sa filmographie passée puisqu’il devient progressivement
l’acteur phare du polar HK, genre orphelin du départ de Chow
Yun-fat pour les États-Unis. L’étincelle est déclenchée
par Big Bullet (1996) de Benny Chan où l’acteur apparaît
pour la première fois dans la peau de son personnage désormais
classique de flic brusque et bougon, charismatique en diable
et obstiné. La même année, il joue dans l’exceptionnel polar
mélodramatique Beyond Hypothermia de Patrick Leung
et le premier Black Mask dans un rôle secondaire, tâche
dont il s’acquitte néanmoins à merveille.
A partir de 1997, le nom de Lau Ching-wan
devient indissociable de celui de la Milkyway, compagnie de production
créée l’année précédente par Johnny
To. Certes, les deux hommes se connaissent depuis quelques temps déjà
puisque leur première rencontre remonte à 1993 avec Executioners,
film apocalyptique dans lequel Lau Ching-wan jouait son rôle habituel
de dur au cœur tendre. Dès la deuxième partie des années 90, leur
collaboration va prendre une ampleur considérable et revitaliser le
film d’action HK. D’abord avec le très chaud Lifeline, puis
avec les premiers polars Milkyway que sont Hero Never Dies, The
Longest Nite et Expect the Unexpected, ces deux derniers
ayant cependant été réalisés par Patrick Yau. Suivront Where a
Good Man Goes et les deux volets de Running out of Time (1999
et 2001) dans lesquels
Lau Ching-wan s’adonne avec son charisme habituel au jeu du chat et de
la souris. L’année 2002 est l’occasion pour les deux compères
d’aborder d’autres univers tel le mahjong avec Fat Choi Spirit
et l’histoire de fantôme sentimental avec My Left Eye Sees Ghost.
Inutile de dire qu’à chaque fois, Lau Ching-wan y est parfait !
En dehors de cette union sacrée, Lau Ching-wan
peut se targuer d’avoir tourné avec certains des meilleurs réalisateurs
dont Ringo Lam qui lui offre un bras de fer psychologique d’anthologie
avec Francis Ng dans Full Alert
(1997). On n’oubliera pas non plus de citer un film tel que Too
Many Ways to Be Nr One, une comédie-polar tarantinesque, réalisée
de manière virevoltante par un Wai Ka-fai sous amphétamines.
Depuis
quelques années, Lau Ching-wan est l’un des piliers du cinéma HK aux
côtés des stars confirmées que sont Andy Lau
et Tony Leung Chiu-Wai. On le retrouve régulièrement
au sommet du box-office et sa présence charismatique suffit souvent à
sauver certaines productions de la médiocrité (La Brassière).
De plus, il reste l’un des acteurs les plus appréciés des
producteurs, puisque outre le fait d’assurer de bons résultats au
box-office, il
continue de maintenir ses tarifs à un niveau raisonnable, désireux de
participer à sa manière au maintien de l’industrie cinématographique
hongkongaise.
Enfin, pour les amateurs
d’informations people, on notera que dans la vie « civile », Lau Ching-wan
est marié à une ex-miss Hong Kong, Amy Kwok.
Stéphane Jaunin (mars 2003)
A lire aussi :
le site de Florent sur la
Milyway
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