Histoire
: Changement
de direction au sein d'une teinturerie chinoise : le patron
décide d'embaucher des contremaîtres mandchous
afin de faire régner la terreur au sein de son entreprise
et, pour financer ces nouveaux venus, de réduire d'autant
la paye de ses anciens employés. La rebellion tourne
court lorsque les pauvres ouvriers sont violemment battus
et contraints de travailler (sous peine d'avoir les jambes
brisées). Ils font alors appel à un de leurs
amis, Chen Chi (Gordon Liu), arnaqueur de son état,
pour qu'il endosse le costume du célèbre moine
Shaolin San Te et rétablisse l'ordre passé en
menaçant le patron. Malheureusement, la supercherie
est bientôt découverte et Chen Chi passé
à tabac. Humilié, il décide de se rendre
au monastère Shaolin pour devenir l'élève
du véritable San Te.
Critique
de David-Olivier : Chronologiquement
dans la trilogie de la 36ème Chambre de Shaolin,
Return To The 36th Chamber est le deuxième opus.
Pourtant, il n'en est pas du tout la suite, mais seulement
une sorte de lointaine relecture. La trame est en effet la
même : un jeune homme qui cherche vengeance se rend
au monastère Shaolin, y apprend les arts martiaux (par
des moyens détournés : les travaux quotidiens
font partie de l'enseignement des moines !) et rentre chez
lui pour affronter ses ennemis, forts surpris de ses progrès.
L'excellente idée de Liu Chia Liang est de ne pas avoir
redonné le rôle de San Te à son frère
adoptif, l'excellent Gordon Liu (c'est en effet Lee King Chue
qui s'y colle), mais de lui avoir permis de développer
un tout nouveau personnage, peu recommandable, qui se fait
passer pour un moine Shaolin sans en avoir la moindre caractéristique
(aussi bien physique que spirituelle).
Le ton a changé
aussi. D'un film d'arts martiaux dramatique, on est passé
à une comédie martiale dramatique : on reste
cependant très loin de la comédie kung-fu basique
et lourdingue (seul un personnage doté d'un dentier
proéminent nous rappelle une filiation avec certaines
comédies "sammo-hungiennes"), le film étant
baigné d'une ambiance finalement assez sombre. Mais
il faut reconnaître les talents comiques de Gordon Liu,
particulièrement apparents lors des scènes initiales
alors qu'il incarne le personnage de San Te.
Liu Chia Liang va pousser encore plus loin son idée
selon laquelle les arts martiaux font partie intégrante
du quotidien de tout un chacun et apparaissent comme un véritable
mode de vie. Dans The 36th Chamber Of Shaolin, les
disciples se formaient aussi bien en portant de l'eau qu'en
nettoyant des gamelles ou qu'en faisant la cuisine : chaque
action courante avait son intérêt. Dans Return
To The 36th Chamber, l'aspirant moine se voit carrément
refuser tout entraînement qui ressemble de près
ou de loin à une pratique martiale. On lui confie une
tâche unique, qui l'occupera une année entière
: dresser des échafaudages de bambou tout autour du
monastère... pour finalement les détruire une
fois le travail achevé. Chen Chi, furieux, s'enfuira
et estimera avoir perdu son temps à Shaolin, avant
de s'apercevoir qu'il a développé une méthode
de combat toute personnelle : la "technique de l'échafaudage"
!
C'est encore la grande
époque de Liu Chia Liang et il nous livre des chorégraphies
d'une réelle inventivité, les personnages tirant
partie de la géographie des lieux et des objets à
leur disposition. Une fois de plus, et à la différence
de Chang Cheh, il semble refuser autant que faire se peut
les scènes de violence pure, privilégiant les
passages à tabac. Au pire, les méchants s'en
tirent avec une jambe cassée. Il faudra donc aller
voir ailleurs pour s'extasier devant des flaques de sang !
The 36th Chamber Of Shaolin était un
chef-d'œuvre et lui faire deux "suites" n'était pas une
mince affaire. Pourtant, Liu Chia Liang est parvenu à
prendre assez de recul pour nous livrer des films qui, sans
s'approcher de l'original mais surtout sans le plagier (refuser
cette facilité est tout à son honneur), font
partie des grandes oeuvres de la Shaw Brothers produites au
début des années 80.
|