Histoire
: Un
jeune joueur professionnel, tricheur de son état mais pas
franchement doué, se fait plumer par autre tricheur bien plus
expérimenté. La découverte du montant de la dette qu'il doit
honorer provoque la mort de son père. Or, il apparaît bien
vite que la défaite du jeune homme avait été planifiée pour
pousser son aïeul dans la tombe. Orphelin, il ira trouver
secours et possibilité de se venger chez son oncle...
Critique
de David-Olivier :
Notorious
Eight est probablement un des premiers "films de
jeux", genre popularisé au début des années 80 dans un
registre sérieux et dont le style sera perverti en fin de
décennie par ceux-là même qui en avaient été les
initiateurs (le mythique et touche-à-tout Wong Jing), en
l'appréhendant sous l'angle de la comédie absurde (God Of
Gamblers, All For The Winner, The Conman...).
Quelques
bonnes idées de mise en scène pour nous faire admirer la
dextérité des joueurs, même si inspirées d'autre films :
ainsi, Sun Chung utilise plusieurs fois des plans sous la table,
avec un plateau en verre transparent, nous permettant de voir
les dominos de mahjong bouger à vive allure. (Alfred Hitchcock
utilisait ce principe dès les années vingt dans The Lodger
puis Henri-Georges Clouzot l'utilisa dans son Mystère
Picasso plus de trente ans après).
En
ce début des années 80, les grandes stars martiales que sont
Lo Lieh et Chen Kuan Tai sont "vieillissantes" et
participent de plus en plus à des films contemporains,
n'offrant que peu (voire pas du tout) de scènes de combat aux
spectateurs. C'est bien entendu le cas ici, vous voilà
prévenus !
C'est
aussi l'époque à laquelle Lo Lieh ne joue quasiment plus que
des rôles de méchant. Et une fois encore, il remplit son
contrat avec brio. Peut-être même trop : ses côtés humains et
pitoyables auraient gagné à être développés (je pense
notamment aux relations ambiguës qu'il noue avec son
insatisfaite - à juste titre - de femme). On peut d'ailleurs
généraliser cette critique à Notorious Eight tout
entier : l'analyse psychologique des protagonistes est
totalement absente (il y a de plus trop de personnages
secondaires entraperçus l'espace d'une seconde).
Que valent les
scènes de jeux de Notorious Eight ? Pas grand chose, à
vrai dire... et ce n'est pas par manque de connaissance des
divers jeux asiatiques : les joutes sont simplement mal
filmées, sans inventivité, sans suspense... Le réalisateur ne
savait-il pas qu'une scène de jeu doit être envisagée et
chorégraphiée comme une scène d'arts martiaux ? Quant à
l'action, elle est absente : les acteurs ont du passer la
majeure partie du temps de tournage les fesses sur une chaise
!!!
Pour finir, le
scénario est banal et le spectateur ressent bien vite un ennui
profond l'envahir... Dans le genre, Wong Jing fera bien mieux
par la suite !
A noter le rajout
d'un épilogue, comme dans Big Brother Cheng, sensé nous
expliquer que le héros n'a pas agi en vengeur individualiste,
mais mandaté par la police hongkongaise. |