La première commission de censure
du cinéma hongkongais fut créée en 1953. Même si, préalablement à
leur sortie, tous les films devaient lui être présentés, elle s’avéra
plus que libérale quant à ses exigences en matière de sexe et de
violence.
Les choses
évoluèrent parallèlement à la libéralisation des mœurs (scènes de
nu, thèmes abordés…) et aux facilités accrues pour la représentation
graphique des scènes choquantes à l’écran (développement des effets
spéciaux « gore », amélioration des techniques de
trucage…). Ainsi, au début des années 80, la commission exigea des
coupes dans quelques films sanglants, la palme revenant au dérangeant Dangerous
Encounter – First Kind (L'enfer des armes) (1980) de Tsui
Hark, qui dut même retourner
des scènes entières. Dans le même ordre d’idées, la série des On
Fire de Ringo Lam ainsi que le Hard Boiled (A toute épreuve) de John Woo ont été
assez touchés par cette censure.
Bizarrement,
la commission était beaucoup plus regardante sur les questions de
politique. Elle interdit purement et simplement le film China Behind
(1974), de Shu Shuen, car le réalisateur y abordait sans fards les délires
et les horreurs de la Révolution Culturelle chinoise. Après 1977, l’équivalent
hongkongais du "Centre National de la Cinématographie" et du
"Conseil Supérieur
de l’Audiovisuel" réunis, la "Television And Entertainment Licensing
Authority", mena une politique bannissant toute représentation à l’écran
de sujets étant susceptibles de dégrader les relations de Hong Kong avec
un autre pays (étaient en réalité principalement visées les critiques
à l’égard de la Chine). Les réalisateurs ne baissèrent pas les bras
pour autant et abordèrent ces thèmes par des moyens détournés (voir le
poignant Farewell China de Clara Law).
A la fin
des années 80, l’Asian Wall Street Journal démontra que
l’interdiction pure et dure d’œuvres cinématographiques n’était
pas juridiquement acceptable : les autorités hongkongaises, en empêchant
la diffusion de certains films, étaient dans l’illégalité, dans le
non respect de la liberté d’expression. Le gouvernement fit alors
voter, en 1988, une loi de censure réservant aux représentants de l’État
le droit de couper des séquences jugées offensantes à l’égard
d’autres pays.
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