Histoire
:
Alors qu’un singe géant écrase des villageois, Lu Tien décide
de capturer la créature à des fins commerciales. Pour y
parvenir, il convainc l’aventurier Johnny Feng (Danny
Lee) de diriger
l’expédition à travers la jungle indienne. Néanmoins
les routes de Lu Tien et de Johnny se séparent après la
perte de tous les porteurs. Coup de foudre lorsque ce
dernier rencontre une dénommée Samantha, belle blonde
vivant à l’état quasi-naturel qui a un charmant animal
de compagnie qui n’est nul autre que la créature qui
avait traumatisé le village. Samantha accepte que Johnny
ramène l’animal à Hong-kong pour l’exposer dans des
foires. Mais tout bascule quand Lu essaye de violer Samantha…
Critique
de Stéphane : Remake
hongkongais de King Kong, The
Mighty Peking
Man n'est certainement pas une œuvre
impérissable. Si, comme souvent dans les productions de la
Shaw Brothers, l’utilisation du cinémascope est encore
une fois époustouflante, le rythme reste néanmoins assez
inégal. Certes, on peut s'amuser des scènes de
destructions massives, mais celles-ci restent
qualitativement très en dessous de celles pratiquées dans
les kaiju eiga japonais (Godzilla en particulier) .
L'histoire
ne fait preuve d'aucune originalité particulière puisque
le scénario du King Kong de John Guillermin est
quasiment recopié à l'identique à l'exception du
traitement donné à l'actrice principale. Ici, la suissesse
Evelyn Kraft
est une sorte de Sheena, reine de la jungle himalayenne,
recueillie dès son plus âge par le gigantesque primate et
aimant nager à moitié nue dans les eaux d'un étang
paradisiaque.
Bref, un
film pas indispensable, mais néanmoins sympathique à voir,
ne serait-ce que pour admirer la sublime Evelyn
Kraft, icône kitsch dont la présence suffit à rendre
le moindre plan éclatant.
Critique
de David-Olivier : Apparu
pour les dernières fois sur les écrans au festival
Fantasia 99 ou aux soirées Bis de la Cinémathèque (mais
certains pourront l'avoir vu en son temps en France sous le
nom du Colosse de Hong Kong !) et disponible
jusqu'alors en DVD américain chez Rolling Thunder (société
de distribution vidéo appartenant à Quentin Tarantino), The
Mighty Peking Man est un véritable ovni cinématographique.
L'histoire, tout d'abord. Le résumé ressemble ligne pour
ligne à ce bon vieux chef-d'œuvre de King Kong réalisé
en 1933 par Cooper et Schoedasck, et bien entendu à son pénible
remake de 1976 (mis en scène par John Guillermin et produit
par le souvent balourd Dino de Laurentiis) : de l'ouverture
dans la jungle au final en haut d'un gratte-ciel. Mais on
est plus près du Schlock de John Landis que du
chef-d'œuvre poétique de 1933 !
Les
acteurs. Il serait trop facile (mais tentant, je l'avoue…)
de dire que le meilleur interprète c'est le gorille, voire
le pauvre tigre qui finit par faire le tourniquet sur les épaules
de la belle ! Danny Lee a rarement été convainquant, même
dans les films de grands cinéastes, alors que dire de sa
prestation dans un des nombreux nanards qu'il a tournés
dans sa jeunesse ? Hé bien il est ridicule, comme il se
doit ! Evelyn Kraft, jeune suisse qui avait rejoint pour un
temps l'écurie Shaw Brothers alors à la recherche de
vedettes au "potentiel" international, n'est pas
si mal que ça dans un rôle ingrat de potiche dont les
seules possibilités de jeu sont : rugir-glapir-vagir, éviter
de laisser dépasser un téton de son soutien-gorge léopard
ou grimper aux réverbères. On s'amusera à se demander d'où
lui viennent, au fin fond de la jungle, ses plombages aux
dents, son rouge à lèvre et son fard à paupières ! En
revanche, chapeau pour ses scènes avec les animaux : elle
est impressionnante de maîtrise face aux lions, tigres ou
éléphants. La scène la plus ridicule du film est à
mettre au crédit de ces deux "merveilleux" comédiens,
au moment où ils tombent amoureux : on les voit courir l'un
après l'autre dans la forêt, au ralenti, un sourire béat
sur les lèvres, sur fond de musique d'ascenseur… kitch et
pas loin de l'auto parodie !
Pour
les effets spéciaux, il ne faut pas s'attendre à un équivalent
américain de l'époque : Hong Kong a toujours travaillé
avec des budgets étriqués et The Mighty Peking Man
ne faillit pas à la règle. On peut même parler de
catastrophe pour l'ensemble des scènes qui mélangent
gorille et êtres humains : les caches et jeux de
transparence sont horribles, et il est impossible de ne pas
les remarquer. Les séquences avec les animaux sont plutôt
réussies : Killer Snakes nous a déjà permis
d'admirer les qualités de dressage des équipes locales. Si
les scènes hongkongaises commencent mal (voir l'hilarante séquence
durant laquelle le gorille tire des camions dans un
stade…), elles rivalisent très vite avec ce qui se fait
de mieux à l'époque au Japon, dans un genre bien
particulier, le kaiju eiga (ou "films de
monstre"), dont le fleuron est la franchise Godzilla.
La Shaw Brothers, toujours prête à accueillir des
consultants étrangers, s'était alors entourée de spécialistes
nippons et on ne peut que les féliciter de leur travail sur
ce film hongkongais. Qu'en est-il du personnage principal,
le gorille ? Il est tout simplement grotesque : un costume
loué par un particulier au coin de la rue aurait le même
aspect ! Les gros plans sur son visage sont à ce titre
terrifiants... de ridicule.
The
Mighty Peking Man est devenu au fil des ans un véritable
film culte : mentionné dans tous les livres sur le cinéma
bis qui se respectent, présenté dans les meilleures cinémathèque
au cours de soirées à thème et révéré par des metteurs
en scène "tendance" (au premier rang desquels
Quentin Tarantino). Autant dire qu'il ravira les amateurs de
films hors du commun aux plaisirs parfois coupables ! Lien
: forum nanarland
où vous trouverez une chronique décalée mais juste de ce
film ! |