Patrick
Yau Tak-chi est né à Hong Kong en 1964. Réalisateur prodige
de trois polars OVNI -The Odd One Dies, The Longest Nite
et Expect The Unexpected- Patrick Yau a comme tant
d'autres fait ses classes sur des séries télé, en Malaysie
et à la TVB, chaîne locale Hongkongaise. Il y rencontre Johnnie
To et devient son assistant réalisateur (notamment sur le
difficile tournage de Lifeline). Ce dernier le prend
alors donc sous son aile et lui propose de réaliser en 1997 The
Odd One Dies, polar stylisé et original avec Takeshi
Kaneshiro et Carman Lee. Puis Yau Tat-Chi enchaîne sur le
machiavélique et très claustrophobe The Longest Nite,
toujours en 97 et interprété par deux des meilleurs acteurs
du moment, Lau Ching-wan
et Tony Leung Chiu-wai.
Ces premiers projets, loin d'être des essais ou des
brouillons, bénéficient d'une maîtrise et d'une réalisation
très soignée et d'innovations stylistiques rafraîchissant
le genre. Suivi de très prés par Johnny To, les plus
pessimistes pensent que Yau n'est qu'un prête-nom, une sorte
d'exécutant à la botte du patron de la Milkyway Image. Mais
c'est le côté "technicien artistique" de Patrick
Yau mélangé au savoir faire de producteur-manager-commerçant
de Johnny To qui a engendré ces polars hors normes et fort
esthétiques. Enfin, Expect The Unexpected (1998),
titre plus à l'attention du spectateur que résumé du
contenu du film, est ce qu'il convient d'appeler un polar
"chaleureux" tant les personnages sont attachants.
Mais Johnny To n'a pu s'empêcher d'y intégrer une intrigue
sentimentalo-comico-dramatique type sitcom (dans la veine d'un
épisode de "N.Y.P.D. Blues"), comme pour Life
Line ou Loving You, et qui finalement prend le
dessus sur l'enquête policière principale.
Depuis
cette réalisation, les choses n’ont pas évolué de la
meilleure manière qui soit. Johnny To a lui même contribué
à alimenter les doutes en affirmant notamment être le seul
responsable des deux derniers polars réalisés par Yau. Dès
lors, après avoir été évincé par son ex-employeur,
Patrick Yau a totalement disparu des écrans hongkongais
pendant trois longues années. Il faut, en effet, attendre
2001 pour le voir réapparaître avec The Loser’s Club,
film racontant les déboires artistiques d’un producteur TV
sur le déclin. Enfin débarrassé du joug de Johnny To,
Patrick Yau nous livre ici une réalisation toujours aussi
ovniesque, même si imparfaite. Véritable règlement de
compte à l’égard de son ancien employeur, ce film de
transition doit être compris comme un acte
d’affranchissement. Désormais libre, Patrick Yau se doit désormais
de confirmer tous les espoirs placés en lui.
Thomas
Podvin et Stéphane Jaunin
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