Histoire
: Arrivé
au faîte de sa maîtrise des arts martiaux, un jeune homme (Chung
Wa) décide de quitter le temple où il a été élevé par un moine
pour partir à la recherche de son père. En chemin, il croise une
jeune mendiante (Lily Li Li-Li)
avec laquelle il se lie d'amitié. Peu de temps après, il retrouve
son père qui s'avère être un puissant et redouté notable, doté
d'une petite armée personnelle. Celui-ci lui cache qu'il a un frère
jumeau en prison pour meurtre et va tenter de lui faire prendre sa
place...
Critique
de David-Olivier : S'il
est loin d'être sa première oeuvre cinématographique, The
Bastard est l'un des premiers films d'arts martiaux de Chu
Yuan. On y retrouve déjà ce qui fera sa signature : un héros
ambigu (il l'affuble même du nom de "Bâtard" !), une
ambiance assez portée sur le mélodrame, un climat oppressant sur
fond de mystère ou de secret, des scènes érotiques servant le récit
(rien à voir avec de la catégorie III, certes, mais assez rare
dans les films de kung-fu) et une mise en scène très soignée
(mouvements de caméra élégants, décors élaborés...).
Chu
Yuan n'adapte pas un de ses auteurs favoris, Ku Long, comme il le
fera à moult reprises, mais c'est du côté de la France qu'il va
chercher son inspiration ! Rien de moins qu'Alexandre Dumas et son Masque
de Fer, autre célèbre histoire de frère jumeau emprisonné.
Les deux frères sont diamétralement
opposés et, aux yeux du réalisateur, aucun n'est parfait. Le
premier, méchant, retors, lâche et faible, se cache derrière la
fortune ou les sbires de son père afin d'éviter tout châtiment.
Il n'est même pas un redoutable ennemi au kung-fu imparable, mais
un personnage méprisant et haïssable. Le second, lui, est bon,
trop bon même, à la limite du niais. Il ne comprend pas lorsque
les gens se moquent de lui (il gardera tout le film le surnom de
"bâtard", donné par un passant railleur) et tombe
amoureux comme une jeune pucelle tout juste sortie du couvent. Il
est aussi courageux, d'une bravoure fougueuse toute adolescente mue
par ses sentiments, et doté d'une grande maîtrise des arts
martiaux. Ces deux frères pêchent par excès et ne pourront se
sortir indemnes de cette aventure. Le seul personnage qui trouve grâce
aux yeux de Chu Yuan semble être celui de la jolie mendiante,
sacrifiée par un homme égoïste qui ne l'a pas reconnue à sa
juste valeur. Elle représente en fait la seule force pure et sans tâches
du récit.
The Bastard est un mélange réussi de drame et d'arts
martiaux : ne vous attendez donc pas à une heure et demi de
combats, tout est savamment dosé ! Cependant, comme c'est bien
souvent le cas, le climax final est mené tambour battant : quinze
minutes d'action non stop servie par les chorégraphies de
Yuen Wo-ping
et Yuen Cheung-yan.
The Bastard n'est pas un classique, certes, mais une oeuvre
originale et intéressante.
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