New Chinese Ghost Stories

Des nuits troubles en perspective... (1/2)  


présentation

1- Historique des "Ghost Stories à sketches"

2- Présentation de la série des Troublesome Night

3- Analyse des 7 premiers Troublesome Night


Une maison n’est jamais tranquille dans l’obscurité pour ceux qui écoutent intensément. Les fantômes ont été créés quand le premier homme s’éveilla dans la nuit ", Sir J.M. Barrie.

Les nouveaux fantômes gémissent, les anciens pleurent, on les entend par les jours pluvieux et sombres ", Tu Fu.

1- Historique des " Ghost stories à sketches ".

Bien que les " Ghost stories " ne datent pas d’hier dans le cinéma de Hong Kong, elles se présentaient rarement, voire exceptionnellement sous la forme d’anthologie de contes. En 1995, Andy Chin, surtout connu pour être l’auteur de Victory (film de volley-ball à la manière de Jeanne et Serge hong-kongais), décide de produire une comédie fantastique composée de trois récits. En raison d’un emploi du temps trop chargé, il propose à son assistant de l’époque, Wilson Yip, de réaliser les deux premières parties du film. Une opportunité que Wilson saisit avec plaisir. Il peut effectivement être ravi puisque l’opération s’avère très rentable. Le film, 01 : AM, dépasse en effet rapidement la barre des 6 millions de hk$ au box office (ce qui est très honorant à l’heure actuelle). Il faudra pourtant attendre deux ans pour que deux suites, 02 : AM & 03 : AM, voient le jour. Réalisées cette fois-ci entièrement par Andy Chin, elles ne présentent que peu d’intérêt et vont définitivement enterrer la série. Mais Andy a ouvert le bal et la mode est définitivement lancée.

Quels films ! Mes seins m'en tombent !!!  (troublesome Night 4)Comme vexé de ne plus être de la partie ou tout simplement en processus d’émancipation, Wilson reprend exactement la même formule et accouche de son coté, à quelques semaines près, du trop inégal Midnight Zone. Puis il abandonnera définitivement les films à sketches mais pas les fantômes (2002), sans oublier entre temps, de rendre une petite visite aux zombies (Bio-Zombie). Ce sont des films phares comme Bullets Over Summer qui ont révélé Wilson à travers le monde. C’est néanmoins 01 : AM, de ses neufs premiers projets, qui a de loin enregistré les meilleures recettes dans l’ancienne colonie britannique, démontrant à nouveau un fort contraste entre les attentes du public local et international.

Les producteurs ont justement pris conscience des attentes locales et le calendrier des sorties hong-kongaises de cette année 97 laisse ainsi place à un feu roulant de films fantastiques : 97 sera donc l’année de toutes les peurs ! On pourrait dresser une longue liste des films fantastiques, à sketches ou non, qui se sont bousculés sur les affiches en cette année de rétrocession : des AM à Walk In en passant par Midnight Zone et autres Armageddon (le film HK)… Prenant soin de différer leurs sorties de celles des blockbusters (Lifeline, Mr Nice Guy…), ces films, projetés durant le premier semestre, prennent à chaque fois la tête du box-office la semaine de leur sortie. En revanche, ils ne restent guère plus de trois semaines à l’affiche ; des apparitions aussi furtives dans le paysage cinématographique que les fantômes qu’ils mettent en scène.

Ah "Ring", comme tu m'inspires... (Troublesome Night 6)C’est au milieu de cette abondance de " Ghost stories " que va naître un phénomène : le début de la plus longue série de films jamais réalisée à Hong-kong (et dans le monde ?) de ces dernières décennies, celle des Troublesome Night. Et le succès est immédiat. Pour la petite anecdote, précisons par exemple que le premier épisode s’est même permis de dominer Scream au box office pendant une bonne quinzaine de jours. Impressionnant tout comme la longévité de la série qui poursuit son petit bonhomme de chemin et comptabilise déjà 16 épisodes. A raison d’une moyenne de trois segments par film, un rapide calcul mental nous conduit à un total d’environ 15 histoires rien qu’en cinq films ! Puis, les Troublesome abandonneront ces compendiums pour ne proposer plus qu’une seule histoire par film. Cette série a balayé puis conquis le terrain des " Ghost stories à sketches ", et plus personne n’ose venir la détrôner. Supplantant le travail de leurs prédécesseurs, Herman Yau et Nam Yin ont vu juste. Qui mentionne encore aujourd’hui la série des AM ? Loin des millions de HK$ récoltés à leur début, les Troublesome se contentent aujourd’hui de dépasser la barre des cents mille HK$. Chiffres certes préoccupants, mais eu égard des faibles investissements que nécessite un épisode, la série est encore une bonne affaire. C’est donc loin d’être fini ! D’ailleurs, Nam Yin, heureux producteur de la série, avait clairement annoncé la couleur lors de son interview accordé à l’Apply Daily (26/10/98), faisant part aux journalistes de son objectif aussi fou qu’ambitieux : dépasser les 100 épisodes !!! Oui, vous avez bien lu !

 

2- Présentation de la série des Troublesome Night

des films avec un zest d'érotisme (Troublesome Night 4)Nam Yin et Herman Yau offrent à la " Ghost stories à sketches " ce que Wong Jing et Andrew Lau ont offert aux films de Triades avec la série des Young & Dangerous : deux succès comparables. Malgré des calendriers assez similaires, les fantômes n’ont pas eu à affronter les lames tranchantes des jeunes racailles rebelles. Contrairement à la série des AM, les Troublesome Night se sont améliorés d’épisode en épisode, pour finalement atteindre une vitesse de croisière à partir du 3ème, et ce jusqu’au 6ème. C’est en fait le septième épisode qui va marquer un tournant avec une forte baisse de qualité. Néanmoins, la préservation de certains ingrédients, dont une partie du casting et le thème musical propre à la série, vont permettre au charme d’opérer encore lors de quelques instants magiques.

Le premier épisode présente quatre histoires distinctes, séparées et présentées par un petit discours de Simon Lui, qui assure la transition façon Contes de la Crypte. On retrouve néanmoins certains personnages dans plusieurs d’entre elles, mais ils ne représentent que des micro-connections. Heureusement, dès le deuxième opus, Herman prend tout en main et préfère que les histoires se croisent naturellement, au détour d’une rue. Innovation bienvenue puisqu’elle permet d’insuffler une fluidité à l’ensemble et de rompre ainsi avec l’aspect trop téléfilm des " Ghost stories à sketches ". Les prochains épisodes garderont cette trame jusqu’à Troublesome Night 5, et seul le degré de lien entre les histoires variera. Petit à petit les histoires se fonderont tellement qu’on assistera dès le sixième à une seule histoire, au grand désespoir de ceux qui amortissaient leur achat à raison d’un segment par soirée. Véritable pilier de la série, Herman Yau quitte le navire au septième opus et passe le relais à Nam Yin pour la réalisation. Lassé ou en désaccord avec la prod, les raisons de son départ restent obscures. En revanche, les raisons de l’affaiblissement de qualité des Troublesome post-Herman sont aussi claires que le jour. On ne remplace pas l’ex-king des Catégories III comme ça !

Quel shampooing me conseilleriez-vous ? (Troublesome Night 4)Malgré tous ces changements, on n’est jamais dépaysé. Les sujets ont beau varié (antennes libres, industrie funéraire, voyages organisés, paparazzis…), on retrouve facilement nos repères, même quand on nous promène aux Philippines (Troublesome Night 4). La mayonnaise prend à chaque fois, et sans exagérer, dès le générique. C’est le fruit d’une part d’un casting assez fidèle connaissant donc bien la maison, et d’autre part de l’excellent travail du compositeur du thème musical. Mak Chun-hung aka Brother Hung, s’est forcément concerté avec des fantômes dans le but de trouver les notes justes, celles qui donnent l’impression que chaque rue de Hong-kong est hantée. Aussi simple que captivante, sa mélodie apporte une remarquable valeur ajoutée à la série. Imprégné de l’univers des fantômes, son travail est exemplaire. L’atmosphère qui s’en dégage est absolument envoûtante, et nous replonge en deux couplets dans l’ambiance Troublesome. Les images ne pouvaient pas être mieux assistées : filmez une rue déserte, envoyez la musique, et le tour est joué ! J’exagère à peine.

On traverse sur les passages piétons. Merci. Pauvre Louis ou plutôt sa doublure) dans Troublesome Night 4 et 6. Décidemment très têtu

Concernant les acteurs, les plus fidèles seront Louis Koo, Simon Lui, Frankie Ng Chi-hung, Law Lan et Wayne Lai Yiu-cheung. Le premier totalise généralement des temps de présence plutôt faibles, mais renferme le plus grand mystère ou possède souvent la clef de l’énigme. Les deux derniers pourraient être couronnés pour avoir sauvé le septième épisode du naufrage. Ils ont davantage la possibilité d’y dévoiler leurs talents. Ainsi, à défaut d’être le meilleur de la série, ce film nous offre deux performances à la fois opposées et inoubliables. Quant à Simon Lui, il confirmera à travers toute la série qu’il fait partie des meilleurs acteurs de l’île, et qu’il était en outre l’acteur qu’il manquait aux têtes bis de The Mission (voilà, je l’ai placé !). Dans Troublesome Night 2 & 4, entouré de ses deux acolytes, Wayne Lai Yiu-cheung & Cheung Tat-ming, il est hilarant. Ce trio, formé à deux reprises, est un des meilleurs souvenirs de la série (et du cinéma !). Dommage que Cheung Tat-ming ne repasse pas voir ses potes dans les épisodes suivants. Enfin, Frankie Ng Chi-hung s’accommodera de petits rôles disons sympathiques, oscillant entre le " gros dur " et le peureux très expressif, et ce pour le plus grand plaisir des amateurs de surjeu.

On peut regretter que des acteurs de la trempe de Jordan Chan et Sam Lee n’aient pas été de la partie. Le numéro qu’il tenait dans Bio Zombie aurait parfaitement coller à l’ambiance des Troublesome Night, en particulier le quatrième. Jordan Chan est néanmoins un habitué des " Ghost stories à sketches " puisqu’il a participé à la totalité de la série des AM. Raison de plus d’être déçu !

Troublesome7 - Louis Koo : « Herman, where are you ?! »Après ça, on serait tenté d’affirmer qu’un épisode des Troublesome s’apparente à une sorte de Rolls Royce, qu’il ne reste plus qu’à conduire. Et pourtant, comme je l’ai dit plus haut, le septième prouve assurément le contraire. Alors que les suites perdent généralement de leur intérêt au fil des épisodes, Herman Yau parvenait à maintenir l’attention , tout en respectant le cahier des charges, en essayant de varier l’environnement de ses films. Souvent accusé d’avoir fait ses choux gras de l’actualité avec notamment The Untold Story, il a paradoxalement obtenu les faveurs de la critique, l’année dernière, pour avoir justement traité avec intelligence un sujet difficile. Il ne serait pas déplacé de penser qu’il avait mis les bases dans les Troublesome. En effet, dénonçant tour à tour le tourisme sexuel et les excès de la presse people, des sujets polémiques apparaissent en filigrane dans la série. Il passe donc discrètement des messages sans oublier de nous distraire.

Sébastien - Juillet 2002

 

3- Analyse des 7 premiers Troublesome Night
L'Abécédaire des vampires et fantômes  A-L / M-Z
Filmographie fantastique non exhaustive


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