Histoire
: Pour
restaurer le pouvoir de leur empereur retenu en captivité
et soulever des troupes à l'autre bout du pays, deux
vaillants combattants vont tenter de faire passer les sceaux
royaux à travers les lignes ennemies. Au cours d'une
halte dans leur village pour se reposer et se soigner, ils
transmettront ces symboles capitaux à leurs élèves
afin que ceux-ci poursuivent leur tâche. Mais un puissant
personnage va tout faire pour les récupérer...
Critique
de Olivier Huynh : Tout d'abord, une
petite traduction du titre à partir du chinois, ça ne fait
pas de mal. Titre en phonétique mandarin "Long Hu
Hui Feng Yun" (source : HKMDB)
Long = Dragon Hu = Tigre Hui = Rencontre
Feng = Vent Yun = Nuage
Traduction mot à mot: Dragon-Tigre rencontre le Vent-Nuage
J'aime bien les films de la Shaw, mais je n'achète pas
n'importe quoi non plus, car il y a des films produits par la
Shaw qui sont très mauvais, et je peux vous dire que j'ai
fait quelques expériences amères. Quand je regardais des
captures écrans de Heroes of Sung sur le net, on
voyait Lo Lieh se battre contre un espèce de robot en bois
tout moche, je me disais « bof, ça a l'air bien nul ce film,
un espèce de films bis ou de série B sans plus ». Puis j'ai
acheté le DVD un mois après sa sortie, car j'avais vu la
bande d'annonce du film qui avait l'air pas mal, et après
avoir regardé j'ai changé d'avis : le film est vraiment pas
mal du tout, certes le réalisateur (je n'ai jamais vu
aucun des films de San Kong, et c'est donc son premier film
que j'ai chez moi) n'est pas un grand réalisateur comme Chu
Yuan ou Chang Cheh, ça se voit dans sa mise en scène très
inférieure aux autres films d'épée de la Shaw. Les décors
sont assez moches en plus, mais ce qui a sauvé le film est la
chorégraphie des combats, ce sont les frères Yuen qui ont
travaillé sur ce film, et ils ont fait du très bon travail.
Ce qui est intéressant à voir dans ce film, c'est le côté
technique et cinématographique que l'on retrouve d'ailleurs
dans les productions de Hongkong. Si vous êtes habitués aux
films des années 80-90, avec les scènes d'action découpées,
utilisation de câbles, doublure, combats filmés en accéléré
de façon « modérée », vous trouvez tous ces ingrédients
dans ce film. En plus, le réalisateur de Heroes Of
Sung utilise assez bien ces astuces pour
montrer les combats plus de façon esthétique.
Comme la plupart les films des années 70, la mode était aux
films de sabre, ce qui signifie combats sanglants, et si vous
cherchez cela, il y en a dans Heroes of Sung. Dans
certaines scènes, on voit plutôt que c'est de la peinture
rouge, et à la fin quand le méchant se fait coupé en deux
(comme dans Duel To The Death ou The Sword) si
on regarde bien, ça me fait bien marrer car on voit
vulgairement que c'est un faux cadavre, mais bon, pour le sang
et la violence ils y ont mise une bonne dose.
En bref, Heroes of Sung n'est pas un grand film, mais
très divertissant, si le réalisateur soignait plus la mise
en scène, ça deviendrait sûrement un classique.
Critique
de David-Olivier : Heroes
Of Sung est un bon vieux wu xia pian qui tire son originalité
de la place qu'il accorde à la gent féminine.
Les femmes y ont la part belle et sont même le véritable
moteur du film, qu'elles soient dans le camp des bons ou des
méchants (Lo Lieh tombe dans le piège de la
séduction d'une beauté qui s'offre à
lui, il est libéré de ses chaînes par
une femme...). Elles ont de plus des réactions chevaleresques
absentes des comportements masculins : la méchante
offre sa vie à son maître pour racheter son échec,
elle prend réellement soin de ses acolytes... Deux
guerrières s'affrontent : l'une est vêtue de
rouge (la méchante), l'autre de bleu (la gentille).
Elles sont les deux face d'une même femme, fascinante
et forte.
Les hommes sont très présents - comme dans tout
film d'arts martiaux -, mais le traitement qui leur est réservé
est tout autre. Heroes Of Sung débute par les
scènes de captivité de l'empereur et de son
père, tout deux en position de faiblesse et honteux
de cet état. Les sceaux qu'ils remettent à deux
sujets est une nouvelle preuve de leur échec : tout
leur pouvoir réside dans deux objets qui tiennent dans
une main... et qui peuvent être ravis et détruits
par l'ennemi à tout moment (et donc réduire
à néant leurs ambitions de retour à la
tête du royaume). Plus tard dans le film, un des héros
se laissera manipuler, séduire et proposer en mariage
par une femme au service du méchant : les pouvoirs
d'un corps nu sur un naïf paysan chinois (je cite le
personnage !) sont immenses...
Ce même héros,
lorsqu'il s'apercevra qu'il ne porte par le véritable
sceau mais un leurre deviendra fou de rage, blessé
dans sa fierté de mâle. On pourrait continuer
ainsi longtemps. Heroes Of Sung, film féministe
? En quelque sorte...
Mais
le film peut se regarder comme n'importe quel autre wu xia
pian, sans trop se préoccuper de cette thématique
assez rare dans le cinéma hongkongais de l'époque
(et le genre pré-cité).
Les
luttes se déroulent au sabre et à l'épée,
et l'on peut noter une superbe utilisation du son : on se
croirait au milieu de toutes ces armes qui s'entrecroisent...
Les deux héros ont une méthode martiale originale
et assez bien exploitée. Leur maître les a formés
au combat en "couple" qui implique qu'ils se lient
par l'intermédiaire du fourreau de leur épée
lorsqu'ils affrontent des opposants. Le méchant, lui,
est doté d'une arme spectaculaire et redoutable tout
droit tirée de légendes : une griffe d'acier
sise au bout d'une longue chaîne. Les séquences
d'action sont donc bien enlevées et les interprètes,
de Lo Lieh à Shih
Szu, très convaincants. (A noter un final qui sera
repris dans The Sword de Patrick Tam.)
Quelques
scènes d'extérieur alternent avec de nombreuses
reconstitutions en studio produites sans grande originalité,
mais dont le metteur en scène n'a pas pour autant à
avoir honte. On était alors dans l'utilisation classique,
par un réalisateur de série, des décors
de la Shaw Brothers.
Heroes
Of Sung n'est pas un chef-d'œuvre, mais la présence
de Lo Lieh, Shih
Szu et sa position
féministe en font un film attachant.
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